Pisani, Elizabeth. The Wisdom of Whores: Bureaucrats, Brothels, and the Business of AIDS. Nortonc.

Quand on lui demande ce qu’elle fait dans la vie, Elizabeth Pisani répond maintenant joyeusement : “Je m’occupe de sexe et de drogues”. Comme elle l’explique dans son livre : “Auparavant, je répondais “épidémiologiste” et le monde baillait d’ennui.”

Ça donne le ton de “The Wisdom of Whores” dans lequel elle raconte avec verve et humour ses dix ans de combat pour la prévention du VIH. Pisani est limpide au point d’en être embarrassante pour certains lecteurs. Elle étudie l’impact d’activités sexuelles spécifiques, expliquant scientifiquement pourquoi, par exemple, le sexe anal est beaucoup plus risqué que le sexe vaginal. Elle évite systématiquement le jargon, appelle un chat un chat et un pénis un pénis.

En conséquence, on ne s’ennuie pas, on rit souvent et on apprend beaucoup.

Le flop

Chaque année, deux millions de personnes meurent du sida et 33 millions sont infectées par le VIH. À quoi ont donc servi les quelque milliards dépensés chaque année par les pays riches pour prévenir et traiter le sida, une maladie beaucoup plus facile à contrôler que, mettons, la tuberculose, le choléra ou la grippe?  C’est ce que Elizabeth Pisani nous apprend dans ce livre scientifique palpitant, et ce n’est pas jojo.

“Ordinaire” ou “prévisible”: ces deux mots n’ont jamais été utilisés pour décrire Elizabeth Pisani, journaliste au New Yorker, diplômée en épidémiologie à la London School of Hygiene and Tropical Medicine. Son diplôme en poche, elle s’est jetée corps et âme dans le monde du VIH et du sida. “Sex, drugs and plenty of squeamish politicians. AIDS was the disease for me.”

Les bureaucrates du sida

Elle a travaillé dix ans à l’UNAIDS (Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA).   Premières constatations: En Asie, en Amérique latine et en Europe de l’Est, l’épidémie est incubée par les habitudes sexuelles des drogués, des prostitués, mâles et femelles, et de leurs clients. En Afrique, l’épidémiologie du sida est différente: le virus se répand via les relations hétérosexuelles et non-commerciales. Beaucoup d’Africains et d’Africaines ont plusieurs partenaires en même temps. Nos efforts, en dehors de l’Afrique, devraient cibler ceux qui ont des relations sexuelles risquées: les drogués, les gais, les prostitués. Donc, il faut distribuer des préservatifs et seringues propres (pour empêcher les drogués de partager leurs seringues) et on obtient des résultats tout simplement impressionnants… Ça sauve des vies et ça coûte des peanuts. Du gros bon sens….

Mais le gros bon sens, les politiciens et leurs fonctionnaires n’en ont rien à cirer. Donc, pas question de parler de drogue ou de sexe dans les demandes de subventions. Mais alors, de quoi peut-on parler? De bébés, de pauvreté et de la discrimination contre les femmes. “So suddenly it had to be about development, and gender, and blah blah blah.” Bref, le méchant mari contracte le sida chez les prostituées, le refile à sa femme qui le refile à ses enfants. Re-bref, le sida touche tout le monde.

Comme tout le monde, Elizabeth Pisani a glissé la drogue et le sexe sous le tapis du politically correct et sorti l’artillerie lourde pour annoncer que le sida se propageait partout sur la terre et que tout le monde risquait de succomber au sida. 

C’est ce qui explique le titre de son livre, La sagesse des putes, les putes étant ces fonctionnaires, dont Elizabeth Pisani, qui, dans leurs rapports, ont prostitué leur expertise pour relier la pauvreté au sida. “In the AIDS business, we’re all whores“.

Le blogue de l’auteure

Conférence de l’auteure

A year long investigation into how rigid rules and restrictions of President Bush’s initiative to fight HIV/AIDS have affected countries struggling with the pandemic.

Behind the Scenes: Questions, Lawsuits and, Eventually, Some Answers

The Age of AIDS
25 ans après le premier cas diagnostiqué de sida, la toujours excellente émission Frontline examine l’une des pires pandémies que le monde a connue.

Hans Rosling à propos du VIH : Des faits nouveaux et d’étonnantes représentations visuelles de données
Hans Rosling dévoile des nouvelles visualisations de données qui éclaircissent les facteurs de risque complexes d’une maladie parmi les plus mortelles (et les plus mal comprises) au monde : le VIH. Il débat sur le fait qu’empêcher la transmission – et non pas les traitements médicamenteux – est la clé pour en finir avec l’épidémie.