Un résumé de Joël Paradis

En juin dernier, une marche de protestation a été organisée en Haïti contre la tentative de contrôle de l’agriculture du pays par la multinationale Monsanto. À la fin de cette marche, les paysans ont brûlés des sacs de semences dans un geste symbolique. Cet acte semble illogique dans un pays tentant de reconstruire son économie et son agriculture après un séisme dévastateur. Pourtant, l’histoire des multinationales agricoles est à donner froid dans le dos.

Tout commença dans les années 1920, alors que des experts découvrirent que l’on pouvait créer des hybrides de semences pour augmenter leur productivité. Cependant, les semences perdaient de la vigueur à chaque année, les paysans devaient donc en acheter de manière régulière aux grandes compagnies au lieu de laisser prospérer une unique semence. La venue des pesticides et engrais chimiques dans les années 50 modifia encore plus la dynamique. Les grandes multinationales commencèrent à développer des semences génétiquement résistantes….à leur propre pesticide uniquement ! À mesure que les compagnies devenaient extrêmement riches, elles se lancèrent dans une féroce entreprise d’achats des plus petites compagnies. C’est ainsi que Monsanto, qui n’était même pas dans le top 10 des compagnies de vente de semences en 1996, est devenue aujourd’hui la plus grosse multinationale agricole du monde. Mais les problèmes présents dans les années 20 n’avaient fait qu’empirer. Par exemple en Inde, les paysans furent encouragés à acheter des semences de Monsanto à crédit.

Cependant, il devint rapidement clair que la terre était épuisée de trop produire et que les récoltes diminuaient, sans compter les catastrophes naturelles qui ruinaient ce qui restait. Devant des dettes toujours plus importantes et un revenu de plus en plus rachitique, près de 150 000 fermiers indiens se suicidèrent, la majorité en avalant les pesticides achetés à fort prix et maintenant inutiles. Même si Monsanto a refusé toute responsabilité dans ce suicide de masse, d’autres problèmes se posent à l’horizon. En effet, le désir de Monsanto et des autres multinationales d’uniformiser les catégories de semences comporte un risque important. Non seulement l’épuisement des sols reste une possibilité mais de plus, l’absence de variétés de grains rend toute la production vulnérable à un virus ou un parasite imprévu. Dans l’optique où le monde entier userait de la même semence, il s’agit d’un constat on ne peut plus inquiétant.

Source: New Intenationalist magazine

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Les marchés mondiaux de semences sont contrôlées par des compagnies ‘bio-science’ – mais ce sont encore les paysans qui nourrissent le monde.

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