Une chronique de Christian Dufour

«C’est une grosse canalisation qui vient d’éclater. La problématique est sous contrôle !»


Je me souviendrai toujours du sourire joyeux du col bleu montréalais relevant la tête du trou fraîchement creusé, intersection McGill-Saint-Antoine, pour répondre à ma question: «C’est quoi le problème ?» L’eau giclait de partout, le gars était dans la bouette jusqu’aux oreilles, mais la problématique était maîtrisée ! On était bien au Québec.

Ce langage bureaucratique correspond à une société de parvenus où le contenant a remplacé le contenu, le fairesemblant la réalité. Cela correspond à une société incapable de régler ses problèmes, où plus personne n’est responsable de rien.

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Aussi:

« Le prétentieux de base ne parle plus de problèmes, mais de « problématique »…Quand on lui demande quel est le sujet de son étude, fût-elle sur les officines de lavage de chiens, il répond en alléguant de la « thématique ». (L’Archipel, 2009 P. 87 Gérald Messadié, Jurassic France : culture, santé, économie, banlieues, éducation, pourquoi nous sommes en voie de fossilisation)

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Commentaire du Kiosque:

Selon le grand principe: le propre du smat est de se distinguer, on peut prévoir la fin de “problématique” puis “d’hégémonique” chez les spécialistes de la langue de bois.Mais alors, comment se distinguer du peuple? “Logique de” et “lieux de” ont encore plusieurs mois devant eux. Ensuite, il faudra ramasser les meilleurs écopeaux des intellectuels français, nos maîtres en langue de bois. “territorialités alternatives” et “spatialiser” semblent prometteurs comme on peut lire dans cet article qui s’interroge sur les sorties des lesbiennes de Paris.

Quand la géographie s’intéresse aux lesbiennes

Par Geoffroy de Lagasnerie

– La localisation des commerces et des lieux de festivité lesbiens correspond à des logiques spatiales- des soirées lesbiennes d’un nouveau genre fleurissent dans l’espace parisien, et leur fonctionnement repose sur un principe de diffusion par le réseau social,- à la capacité des lesbiennes à investir des lieux variés,

– les lesbiennes n’en construisent pas moins des territorialités alternatives, qui participent d’un renforcement de leur visibilité.

– relatif à la faible propension des lesbiennes à sortir, que ce soit pour des raisons financières ou à cause de l’intériorisation de comportements genrés moins extravertis.

– la prise en compte de la diversité sexuelle ou de genre dans la fabrique des territoires. Spatialiser le genre et les sexualités, c’est dire combien les lieux comptent et interviennent dans la construction des identités genrées.