“Bien campé à gauche, le mensuel s’est érigé, au fil des deux dernières décennies, comme l’un des pourfendeurs de premier ordre des régimes despotiques et du néolibéralisme triomphant.” (En ces jours de protestation mondialisée, Le Devoir)

….

Il faudrait préciser “à l’exception de Cuba”.

On peut lire dans la Revue Médias de nombreux exemples du traitement aux petits oignons de Cuba par les intellos du Diplo et vice-versa. Le plus édifiant est celui qui suit:


( Février 2002. Une vingtaine d’écrivains ont été invités à la onzième foire internationale du livre de La Havane. Ignacio Ramonet, alors à la tête du Monde diplomatique, vient présenter un livre, « Propagandes silencieuses », une critique du divertissement comme « mode d’enchantement néo-libéral ».)
Photo: Ignacio Ramonet et Fidel Castro

Philippe Lançon, journaliste à Libération, est sur place. Il raconte : « Castro écoute et lui demande : “Vous allez en parler pendant cette foire ? Oui, lui répond-on, dans un amphithéâtre de 400 places. 400 places, tonne Castro en riant. C’est une honte ! Il faut le théâtre Karl-Marx.” 5 000 places… Trois jours plus tard, le théâtre Karl-Marx est rempli (…). Le livre de Ramonet, 170 pages, est déposé sur chaque siège. 10 000 exemplaires ont été tirés dans la nuit sur les presses du journal Granma, qui, du coup, n’est pas sorti. “Fidel” souhaite que 90 000 autres exemplaires soient imprimés dans les jours qui suivent. (…) Devant un immense rideau rouge bordé de fougères, Castro résume, paraphrase et vante le livre “très accessible” de son hôte. Il lui tape sur l’épaule, la cuisse. On rit, on bâille (…). Enfin, Ramonet se lève et prononce en espagnol sa conférence. Titre : “Un délicieux despotisme”. Celui de la puissance américaine qui s’est insinuée en chacun de nous par le charme des feuilletons, de ses films et de son industrie publicitaire. »

Depuis, Ramonet a publié  Fidel Castro, Biographie à deux voix ( 700 pages). Le livre est le résultat de plusieurs semaines d’intenses conversations avec Fidel Castro pour tracer sa biographie. Mais une biographie particulière sous la forme d’une interview. Il pose les questions, Fidel lui répond et, si besoin est, demande des explications.