Annick Poitras, chroniqueuse de Jobboom, célèbre ses 20 ans de vie commune avec Montréal. Petit bilan, pour le meilleur et pour le pire.

Extrait:

« Je ne te l’ai jamais dit, mais à nos débuts, je te trouvais plutôt moche. Heureusement, un voisin m’a fait découvrir tes charmes en moto et, là, j’ai compris que tu avais toute une personnalité. Sinon, probable que je t’aurais quittée. J’habitais alors en bas du Stade olympique, dans un quartier à peu près mort. Déjà, à l’époque, il symbolisait le début de ta ruine, la chute de ton égo. Montréal, il est vrai que tu as su, en d’autres temps, briller de mille feux. Mais il faudrait en revenir. Les vedettes ne roulent pas éternellement sur leurs vieux trophées.

Vingt ans plus tard, les environs du Stade restent un terreau désincarné. Tu ne sais pas quoi y planter. Tu ne sais d’ailleurs plus prendre de décision. Tu tergiverses. Regarde la rue Notre-Dame et l’île Sainte-Hélène que tu laisses aux mauvaises herbes. Ces lieux abandonnés pourraient pourtant me donner accès à ce fleuve magnifique qui fait de toi ce que tu es : une île! L’aurais-tu toi-même oublié?

Chère Montréal, tu ne dois plus t’aimer beaucoup. Tu ne mets pas tes beautés naturelles en valeur. Tu les caches ou, pire, tu te défigures. Tu te laisses traîner depuis trop longtemps. Il faudrait maintenant que tu te ressaisisses. Tu pourrais être tellement belle…

Aime-toi et je pourrais t’aimer encore longtemps. »