Christopher Caldwell
Éditions du Toucan
(Bibliothèque de Ville-Mont-Royal)

Il y a deux sortes de livres sur l’immigration: ceux sur la reconquête islamique de l’Europe et ceux sur la fraternité de tous les hommes. Et il y a celui de Christopher Caldwell.

Une révolution sous nos yeux  est la traduction française de « Reflections on the Revolution In Europe: Immigration, Islam, and the West » qui a été source d’une intense controverse. Ce livre a été accusé par certains d’attiser l’islamophobie, ou ce que The Guardian appelle « la politique de la peur ».

Christopher Caldwell n’est ni un idéologue ni un militant politique mais un journaliste américain de 49 ans, diplômé de Harvard, collaborateur du Weekly Standard et éditorialiste au Financial Times.

Il dit être “instinctivement pro-immigration” et conscient du fait que la tendance des média est de raconter des histoires à sensation contre les musulmans » . La revue The Economist dit: « c’est un livre important et provoquant: la meilleure déclaration actuelle de la position des pessimistes sur l’immigration musulmane en Europe ». L’historien marxiste Perry Anderson écrit que c’est la livre le plus frappant jamais paru en aucun langage sur l’immigration en Europe occidentale.

« Les Français, et les Européens en général, doivent lire ce livre car c’est d’eux qu’il est question et jamais on ne leur a parlé comme le fait Christopher Caldwell », estime dans sa préface la démographe Michèle Tribalat.

L’idée que tout le monde imitera le cours de l’histoire occidentale (ou du moins s’y pliera) est un acte de foi pour beaucoup de progressistes occidentaux. C’est pathétique de les voir attendre que l’Islam se «modernise» – ou qu’il devienne moins dévorant dans la vie de ses adeptes – à la manière dont le christianisme l’a fait depuis le XVIe siècle. Ils commettent là une erreur fondamentale. Nous avons tendance à voir dans la Réforme et les Lumières un simple épisode de l’histoire intellectuelle, et nous en concluons que le sécularisme européen s’est résumé à une affaire d’introspection. C’était en partie le cas, mais les autorités religieuses d’Europe ont aussi été forcées de changer sous le coup de l’hostilité, souvent armée, de leurs adversaires. Ayant érigé un mur de tolérance autour de l’Islam, le protégeant des pressions extérieures qu’avait subies le christianisme entre le XVIe et le XIXe siècle, les Européens attendent de l’Islam qu’il s’effondre de lui-même. […]
 
Quelle culture l’emportera ?
«Le problème fondamental de l’Europe avec l’Islam, et avec l’immigration en général, c’est qu’en Europe, les communautés les plus fortes ne sont, culturellement parlant, pas du tout européennes. Malgré la grande variété de mesures prises pour le résoudre – multiculturalisme en Hollande, laïcité en France, laisser-faire en Grande-Bretagne, pointillisme constitutionnel en Allemagne – , ce problème existe dans tous les pays européens. C’est avec l’Islam et l’immigration que l’Europe a un problème et non avec l’usage impropre de certains moyens mis en place pour le traiter. L’Islam est une religion magnifique qui a aussi été, parfois, au cours des siècles, une culture brillante et généreuse. Mais malgré toutes les protestations du contraire, ce n’est en aucun cas la religion ou la culture de l’Europe.
Il est sûr que l’Europe sortira changée de sa confrontation avec l’Islam. Il est bien moins sûr que ce dernier se révèle assimilable. […] Pour l’heure, l’Islam est en meilleure position pour l’emporter à la fois démographiquement, c’est une évidence, et philosophiquement, même si cet avantage paraît moins net. En effet, en de telles circonstances, des mots comme «majorité»et «minorité»ont peu de sens. Quand une culture peu sûre d’elle, malléable et relativiste rencontre une culture ancrée, confiante et renforcée par des doctrines communes, c’est généralement la première qui change pour s’adapter à la seconde.»