La critique de Naïma Hassert

Bob Lee Swagger est un sniper. Redoutable. Le genre d’homme qui peut décapiter une mouche à plus d’un kilomètre et qui sait instinctivement qu’une balle de 150 grains chute d’environ 25 centimètres à 300 mètres et ralentit à 60 centimètres par seconde. Véritable légende vivante durant la guerre du Vietnam, une balle à la hanche l’a forcé à interrompre son tableau de chasse. Il vit maintenant en hermite sur un plateau isolé de l’ouest de l’Arkansas. Quand il ne dort pas, il chasse, astique ses précieuses armes et lit des revues spécialisées, Shotgun News, Accuracy Shooting, Shooting News, Guns & Ammo, American Rifleman et évidemment Rifle.

Un jour, deux hommes, l’air impassible, se présentent chez lui. Membres d’une organisation aussi discrète que puissante, ils ont besoin de Bob pour intercepter un terroriste qui planifie l’assassinat du président. Ce terroriste en question est celui qui a autrefois bousillé la hanche de Bob. Il accepte donc, même s’il s’était juré de ne plus tuer: les salauds sont de salauds.

Bientôt, le gouvernement et la CIA sont à ses trousses. Les forces sont inégales : le gouvernement et la CIA n’ont aucune chance. Bob n’a pas l’habitude de s’arrêter à des questions éthiques, comme « Faut-il dialoguer avec un terroriste? » Il réussit à déjouer pas moins de quatre tentatives de meurtre de haut calibre et à envoyer brutalement au ciel, avec des armes différentes, chacune amoureusement décrites, tous ses ennemis. Ou plutôt en enfer, car Bob a des valeurs traditionnelles.

Plus rien ne l’empêchera maintenant de chasser à longueur de journée, bien tranquille dans ses montagnes.Critique

À première vue, c’est un livre qui suinte la testostérone. À seconde vue aussi. Tout l’indique : le titre, la couverture, le sujet… Mais franchement, en tant que fille, je me suis rarement autant marrée.

Lire Shooter, c’est comme lire un film d’action dont l’authenticité technique est impeccable. Les « Base 6, ici alpha 1, nous progressons sur la route 10 à environ soixante-dix kilomètres à l’heure. Vous me recevez? » fusent, le même suspense règne, les gars sont tout aussi virils… avec une différence : les descriptions émues des armes à feu. Le mot « fusil » ou « balle » ne peut apparaître qu’avec sa marque, son modèle, l’année de sa conception, les différentes modifications apportées, son poids en grains, etc. Par exemple, on apprend qu’une des armes préférées de Bob est « un calibre 270 d’avant 1964 avec un canon Douglas, restauré en noyer anglais par Loren Eccles de Chisholm, dans le Wyoming. Numéro de série, 123453, ce qui signifie qu’il date de 1949 environ », et qu’il utilise souvent des balles de 70 grains de H-4831. L’auteur parle « armurier » couramment. Quand on n’y connaît rien, c’est encore plus drôle.

Les personnages de ce roman, même s’ils sont tordants, sont beaucoup moins complexes. Les femmes ne s’intéressent pas vraiment au féminisme ni à la défense des bébés phoques, mais elles ont, elles aussi, des principes en béton. Elles sont toujours prêtes à aider et armer les hommes, les vrais.

Bref, c’était cliché, violent, patriotique et extrêmemement amusant.