Huizinga (J. H.), Ed. Perrin.

(Disponible dans le réseau des bibliothèques de la Ville de Montréal)
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 Comment, avec le caractère si rebutant qu’il a si souvent montré, Rousseau a-t-il pu devenir une idole et, qui plus est, le gourou des femmes les plus raffinées de la haute société du XVIII siècle? Comment un homme don’t la vie amoureuse fut si pauvre et don’t le récit qu’il en a fait est parfois si risible, a-t-il pu être considéré comme un grand romantique?

Comment un être que ses anciens amis ont fini par qualifier de “monstre”. De “malade d’un amour-propre excessif” de “faux et vain comme Satan”, de “nain moral monté sur des échasses”, a-t-il pu être salué par les Conventionnels de 1794 comme étant la vertu incarnée?

Comment un esprit aussi timoré et aussi essentiellement conservateur en est-il venu à être regardé par des extrémistes tels que Robespierre et Saint-Just comme le modèle de l’homme de la Révolution? Comment a-t-on pu attribuer à un penseur ausi incohérent un rôle majeur, une position si déterminante dans l’histoire de la civilisation occidentale?  (…)

En posant ces questions et en répondant, J.H. Huizinga ne fait nullement oeuvre de pamphlétaire. Mais il montre comment la mode intellectuelle, jointe à l’autosatisfaction d’un auteur peut forger une idole.

….Le grand mensonge des intellectuels 

Vices privés et vertus publiques
Paul Johnson
Traduit de l’anglais par Anick Sinet
Robert Laffont
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L’intérêt de lire Johnson réside dans le fait qu’il déculotte, outre Rousseau, quelques autres intellos laïques (Marx, Brecht etc.) dont les idées n’avaient qu’un rapport lointain avec ce qu’ils faisaient dans leur vie privée. Comme le résume Johnson :
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« Ces intellos laïques qui se prononcent sur tout et rien et qui sont devenus un trait essentiel du monde moderne sont un phénomène qui survint en Europe avec le déclin du pouvoir de l’Église au XVIIIe siècle. L’intellectuel laïque, à l’exemple du prêtre, s’empressa d’expliquer au peuple comment mener ses affaires. Il proclama pour commencer sa dévotion particulière aux intérêts de l’humanité et son devoir évangélique de les favoriser grâce à son enseignement. Pour la première fois dans l’histoire humaine, avec une confiance, une audace grandissantes, des hommes se prétendirent capables de diagnostiquer les maux de la société, de les guérir à l’aide de leur propre intelligence et, mieux encore, d’améliorer le comportement des êtres humains. Contrairement à leurs prédécesseurs, ils n’étaient plus les serviteurs et les interprètes des dieux, mais leurs substituts. »