Duplessis et l’école

 

«Lue aujourd’hui, dans la fascinante biographie que consacre Pierre Nepveu à Gaston Miron, à travers le vaste portrait d’une société en train de s’affirmer, cette anecdote à propos de  la démocratisation imminente de l’éducation québécoise qui verra le cours classique être remplacé par les cégeps quelques dix années plus tard.  Nous sommes pour l’instant en février 1958, mais on peut s’amuser à projeter le débat dans le climat d’aujourd’hui.

 

[…] le premier ministre Duplessis prononce un discours devant la Jeune chambre de commerce de Montréal : « La gratuité scolaire est un leurre et un mythe », lance le premier ministre en réagissant à un mémoire déposé par les principaux syndicats (la FTQ et la CTCC, future CSN). Il n’en faut pas davantage pour que Miron soit submergé par l’indignation et qu’il entreprenne de faire signer une pétition par plus d’une centaine d’intellectuels en faveur de la démocratisation de l’enseignement. Le texte ne paraîtra toutefois pas dans  les grands quotidiens mais dans Le Quartier latin, le journal des étudiants de l’Université de Montréal, alors dirigé par André Belleau, futur pilier de la revue Liberté. Parmi les signataires, on compte Pierre Elliott Trudeau, Gérard Pelletier, Fernand Dumont, Jacques Brault, Jacques Ferron, Ambroise Lafortune et Pierre Vallières ainsi que tout le groupe des poètes liés aux Éditions de l’Hexagone.

 

Pierre Nepveu, Gaston Miron. La vie d’un homme, Boréal, 2011, pp. 301-2.»