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Ancien directeur de recherche à l’Assemblée nationale, l’historien Gaston Deschênes sait tout sur notre parlement.

Ses commentaires sur le salaire du futur député Léo Bureau-Blouin

(…) Au lieu de donner prise aux démagogues qui croient nos députés surpayés, l’ancien président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) serait mieux avisé de promettre de défendre l’intérêt commun, nonobstant les « lignes de parti ». Il aurait bien « mérité de la patrie »… et son salaire.

Ce n’est pas l’indemnité de base des parlementaires qu’il faut remettre en question mais les à-côtés qui se sont ajoutés au fil des ans. Si le candidat péquiste dans Laval-des-Rapides veut se pencher sur la « rémunération globale » des parlementaires, il peut considérer qu’il a déjà de quoi s’occuper pendant un mandat… ou deux. Sa chef a d’ailleurs ouvert la porte en souhaitant revoir les indemnités de départ que reçoivent les députés qui ne complètent pas leur mandat (http://pq.org/actualite/communiques/pauline_marois_veut_revoir_les_indemnites_de_depart_pour_les_deputes_qui_aband), une ouverture que le premier ministre s’est empressé de lui fermer sur les doigts en l’invitant à rembourser l’allocation qu’elle a reçue en démissionnant en 2006… Disons que la chef du PQ s’est placée dans une position vulnérable. Ce n’est pas l’allocation de transition (selon son nom exact) qui pose problème en soi, ni le moment où on la touche (car il serait difficile de distinguer les bonnes et les mauvaises raisons invoquées pour démissionner), mais bien le cumul d’une prestation de retraite et d’une allocation de transition, allocation justement créée en 1982 pour permettre aux députés qui n’étaient pas admissibles à la retraite (repoussée alors à 55 ans) de se « r’virer de bord ». Un député admissible à la retraite ne devrait pas avoir d’allocation de transition; un député qui atteint « l’âge de la pension » (65 ans) non plus.

Un jeune député capable d’imaginer la fin du néo-libéralisme devrait pouvoir prendre l’initiative d’un petit projet de loi qui mettrait fin à ce cumul, sans attendre que tous les partis soient d’accord, comme le voudrait la tradition, en prenant sa chef au mot quand elle dit : « Ce n’est plus le temps de dire : “C’est toujours comme ça que ça s’est fait”. Nous devons entendre les Québécois et changer ». Parti sur cet élan, s’il trouve vraiment que les parlementaires sont trop payés, celui qui voulait entreprendre la guerre aux dépenses injustifiées dans les universités pourrait se pencher sur d’autres volets de la politique salariale parlementaire. A-t-on besoin de 18 adjoints parlementaires, une fonction que la Presse Canadienne (Le Devoir, 23 mai 2003) n’hésitait pas à qualifier de « titre honorifique », évaluation confirmée récemment, sur la Canal de l’Assemblée nationale, par un ancien président? A-t-on besoin de 17 personnes pour présider 30 ou 40 séances de commissions parlementaires par année alors qu’il y a déjà un président et un vice-président pour chacune de ces 10 commissions et qu’elles ne peuvent siéger plus de 4 à la fois?