Louise Mailloux, L’Aut’journal
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Voilà plus de dix ans que l’Organisation de la coopération islamique (OCI), basée en Arabie saoudite et regroupant 57 pays musulmans, présente chaque année des résolutions devant la commission des droits de l’homme de l’ONU pour faire reconnaître le concept de «diffamation des religions», dans le but exprès de criminaliser le blasphème et de l’inscrire dans le droit international.
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Ce combat juridique attaque de front la liberté d’expression, reconnue partout en Occident comme étant un droit constitutionnel, un droit fondamental qui est au coeur de toute démocratie. C’est ce droit que l’OCI s’acharne à détruire depuis tant d’années, ce droit issu du combat des Lumières et fièrement proclamé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
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Jihad juridique
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Considérant la Déclaration des droits de l’homme de 1948 impie puisqu’elle ignore la Loi divine, les États membres de l’OCI, réunis au Caire, en août 1990, ont adopté une Déclaration des droits de l’homme en Islam (communément appelée Déclaration du Caire) qui ne reconnaît comme légitime que les droits et libertés qui sont conformes à la Charia. Faisons un rapide survol de cette Déclaration peu banale.
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Article 1a) «Tous les êtres humains constituent une même famille dont les membres sont unis par leur soumission à Dieu et leur appartenance à la postérité d’Adam….» art.1b) «Les hommes sont tous sujets de Dieu….» Ce premier article fait de l’humanité entière des musulmans, proscrit la liberté de conscience et le droit à l’apostasie, en plus d’exclure l’athéisme. Avouez qu’on s’éloigne quelque peu des Lumières…
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le 14 septembre dernier, le président du Conseil musulman de Montréal, Salam Elmenyawi, a émis un communiqué condamnant le film et les réactions violentes, dans lequel il appelle «tous les pays à travers le monde à lutter contre la diffamation de la religion et de protéger les religions contre de tels discours haineux. Ces lois, dit-il, doivent également limiter ceux qui cherchent exclusivement à offenser les sentiments religieux, semer la discorde et créer la haine contre les personnes d’autres confessions».
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Le 18 septembre, à l’émission 24/60 de Radio-Canada, Haroun Bouazzi, président de l’Association des musulmans pour la laïcité, déclare à propos des caricatures publiées dans Charlie Hebdo qu’elles sont une véritable provocation envers les musulmans, que cela participe à l’islamophobie, au racisme et au colonialisme alors que les médias ont une responsabilité. Ouf! Heureusement qu’il est pour la laïcité, celui-là…
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Patrice Brodeur, professeur à l’Université de Montréal et responsable de la Chaire de recherche du Canada sur l’Islam, le pluralisme et la globalisation, a même qualifié cette Déclaration «d’innovatrice en ce qu’elle montre comment on peut ajouter à la Déclaration universelle de 1948 des perspectives qui peuvent enrichir notre compréhension des droits de la personne aujourd’hui. C’est, précise-t-il, une déclaration qu’il faut lire en complémentarité et non en opposition de celle de 1948».