Daniel Renaud, La Presse

Les policiers ont effectué la plus importante saisie de métamphétamine (crystal meth) de l’histoire du Québec – et assurément l’une des plus importantes de l’histoire du pays – , jeudi à Montréal.


Du crystal meth.
PHOTO ARCHIVES AP
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Le Kiosque a publié

 

Petite histoire de la guerre contre les drogues

L’an prochain, personne ne célébrera le centenaire de la guerre contre les drogues. Ni les Américains qui l’ont déclenché officiellement en décembre 1914, ni les pays qui, veut veut pas, ont  suivi son exemple.

Tous s’attendaient à une brève escarmouche. Or, après des décennies d’efforts, la lutte continue, toujours plus âpre. Environ 2,3 millions d’Américains s’injectent des drogues, de la cocaïne à la métamphétamine (speed) en passant par l’héroïne et des opiacés comme la Dilaudid ou l’OxyContin. Au Canada ils sont 325 000; au Québec, quelque 23 000 dont la moitié à Montréal.

Depuis un siècle, les fournisseurs et le marché ont changé. Ainsi, le Québec importe encore l’héroïne et la cocaïne, mais il produit assez de marijuana, d’amphétamines, de drogues de synthèse pour fournir toute la province et exporter le reste. La plupart des pays étaient prêts à continuer la lutte aux côtés des Américains encore quelques siècles même s’ils ne croient plus à la victoire finale. Ils n’ont pas pu; les ravages du sida, la violence des cartels de la drogue, les profits du crime organisé leur ont sorti la tête du sable.

Depuis, ils cherchent des solutions. Pas le Québec.

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Le livre d’un indigné

Décriés puis oubliés, les speeds connaissent une renaissance dans les années 1980 lorsque des gangs de motards apprennent, entre deux explosions de labos clandestins, à fabriquer une forme de speed qu’on peut fumer, et qui crée une dépendance très rapidement : le cristal méthamphetamine (Crystal Meth).

Le problème ne touche longtemps que la Côte ouest parce que très peu de personnes savent comment fabriquer ces cristaux. Un indigné va tout changer. Au milieu des années 1980, un chimiste du Wisconsin, Steve Preisler, qui n’en revient pas d’être emprisonné pour quelques grammes d’amphétamine, emprunte la machine à écrire d’un détenu et, sous le nom de plume « Uncle Fester »,  publie « Secrets of Methamphetamine Manufacture ».

On y trouve six différentes recettes faciles pour préparer la drogue avec des ingrédients légaux.
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Pendant que les cuisiniers amateurs créent des laboratoires dans le Middle West et parfois sautent avec eux, la Californie s’attaque aux labs clandestins. Les cartels mexicains se dépêchent de produire du cristal et, dès 1994, l’ajoutent, avec la cocaïne, à leur palette de produits. Ils disent à leurs acheteurs: « Essayez-ça. L’effet est semblable. » Plutôt que de se faire la guerre, les cartels s’entendent avec les gangs de motards pour la distribution.

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Quant aux speedsles Américains ont fermé 7 530 labos de métamphétamines en 2009; 11 000 une année plus tard, dont 2 000 dans l’État agricole de l’Iowa. Le Québec pour sa part est autosuffisant en speeds et en drogues de synthèse.