Ce jour-là, je me suis dit, après tout, je suis le client là-dedans. Je ne vais pas me rendre au cours du français du lendemain matin. Je vais à l’école pour recevoir un service, c’est dans mes droits de ne pas aimer le service que je reçois. Alors je vais exercer mes droits.

J’avais tout de même un doute que ce jour-là on aurait un examen. Je regarde dans le plan de cours, qui est divisé par « blocs de cours ». Pas possible de savoir si l’examen était prévu pour le cours du lendemain, ou pour le cours d’après.

Je suis toutefois déjà suffisamment blasé pour me dire « au pire… » Alors je fais un compromis : je ne mets pas le réveil, mais quand je me lève, je me rend à l’école.

J’arrive donc au cours 1h30 en retard. Silence. Tout le monde est penché sur sa feuille de papier, en pleine rédaction. Je lance un petit sourire gêné à la professeure, qui s’approche doucement vers moi avec un sourire et une demi-douzaine de feuilles. Elle me les résume : il faut faire une analyse, partielle, c’est-à-dire seulement une introduction et un développement, 500 mots, elle veut mon plan avec ça, et elle me livre à moi-même.

J’aurais pu commencer à stresser avec ça, mais le silence était trop apaisant. Comme on ne me l’avait pas interdit, j’ai sorti mon cartable de français, qui contient, entre autres, le modèle d’une introduction. Il n’y a qu’à suivre le plan. Dans l’introduction, il y a trois étapes. Un sujet amené : « Les humains ont depuis toujours… ». C’est vaste, mais ça passe. Sujet posé : reformulation de la question à laquelle il faut répondre, et qui est donnée par le professeur. Sujet divisé : « Dans ce texte, je vais parler de… », énumération des deux points que je vais aborder.

Ensuite, c’est le développement. « Premièrement, » etc. « Deuxièmement », etc. Il faut inclure obligatoirement une citation dans chacun des paragraphes. Parfait, ça augmente le nombre de mots. « Comme le dit le personnage principal : « Blablabla » ». Pas de conclusion à faire. Quand je termine, il reste une demi-heure au cours.

Morale de l’histoire : j’ai très bien fait de dormir un peu plus longtemps. À refaire.

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