imageAlexandre Shields

Le Devoir

(…)  L’exemple le plus probant est effectivement le cerf de Virginie. Il est tout simplement interdit pour les Anticostiens de vendre de la viande de cerf. Jusqu’à il y a deux ans, une auberge exploitée par la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) avait pignon sur rue à Port-Menier. Elle ne pouvait servir de cerf de l’île. Celui qui était au menu provenait en fait d’élevages du continent. Et si la vente de cette viande est toujours interdite sur Anticosti, le gouvernement du Québec a annoncé un projet- pilote qui permettra à des restaurants d’en mettre au menu… à Montréal et à Québec.

Même chose pour le homard qui est pêché dans les eaux ceinturant l’île. Un seul pêcheur est basé à Anticosti. Tous les autres viennent du continent, notamment de la Gaspésie. Et lorsque les gens de Port-Menier veulent déguster ce crustacé, ils doivent l’acheter sur la Côte-Nord. (…)

Les Anticostiens aiment aussi dire que la fameuse crevette de Matane provient en fait du secteur de l’île. D’ailleurs, les crevettiers viennent parfois s’amarrer au quai de Port-Menier lorsque les eaux du Saint-Laurent deviennent trop tumultueuses. Or il leur est totalement interdit de vendre ne serait-ce qu’une seule crevette sur l’île. (…)

Éric Perreault et sa femme Marie sont venus s’installer sur l’île pour y élever leurs deux enfants. Ils ont littéralement défriché leur terre, sur laquelle ils pratiquent l’agriculture. Ils produisent notamment du lait et du fromage, qu’ils aimeraient bien pouvoir vendre. Mais ils essuient refus après refus. Pourtant, ces produits trouveraient facilement preneurs chez leurs concitoyens. Ils sont en effet obligés d’importer leurs produits laitiers, avec les coûts que cela suppose pour le transport, pierre d’achoppement de tout le développement.