Yanick Barrette

Huffington Post

l y a deux semaines, un café situé dans l’est de Montréal que je fréquente depuis maintenant quelques années a été vendu à des intérêts étrangers. Au moment de la transaction, les clients comme les employés ne semblaient pas redouter l’arrivée imminente d’un nouveau patron, et ce malgré ses origines pakistanaises et le fait qu’il ne parle aucun mot de la langue de Molière.

(…) Après plus de trente ans de service chacune, elles venaient de se faire montrer la porte sans négociation, sans explication, si ce n’est celle que le proprio souhaite maintenant orienter l’entreprise dans une nouvelle direction. Bye bye mesdames, bye bye les vieilles.

(…) Lorsque j’ai parlé à ce dernier de la situation, il m’a expliqué (en anglais) que la nouvelle réalité commandait des mesures draconiennes pour réorienter l’entreprise. Ça veut dire quoi au juste ? Il avait beaucoup de difficultés à justifier le renvoi de Nicole, Micheline et Annette. Mais le dessin est pourtant clair : il ne veut pas le trio des vieilles dans ses pattes, lui qui n’a aucune expérience en restauration, mais qui a beaucoup d’argent. Il souhaite, en somme, diriger sa business d’une main de maître, sans avoir peur de se faire reprendre par des dames d’expérience qui entretiennent des liens étroits avec la clientèle régulière de l’endroit.

(…) En fin de compte, ce qui transparaît implicitement de ma rencontre avec le nouveau propriétaire, c’est son désir de supériorité sur la femme, son profond souhait de contrôle et de pouvoir sur ses employés, ainsi que son non-respect pour la société d’accueil et ses citoyens, car ces dernières paroles ont été : « I don’t give a shit about french language! ». Bonne Saint-Jean!