Stéphane Baillargeon

Le Devoir

Ça commence à ressembler à un mélodrame. Les Québécois ont boudé encore plus les grands écrans cet été. Le président de l’Association des propriétaires de cinémas du Québec, Vincent Guzzo, a évoqué « peut-être le pire été dans les derniers vingt ans ».

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Les longs métrages québécois, eux, piquent encore plus du nez. À moins d’un miracle, au bilan 2014, la part de marché des productions nationales sera sous les 4 %. En ce centenaire du début de la Première Guerre mondiale, le portrait de groupe commence à ressembler à une photo de poilus avec gueules cassées. Le cinéma québécois ne crève pas seulement l’écran : il crève à l’écran.

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Pour le commun des mortels, pour le contribuable aussi, pour le Québécois de base au nom de qui sont tournés les chefs-d’oeuvre et les navets censés lui donner du sens, il y a tout de même des comptes à rendre. Au moins un peu. Un échec, ça va. Un bide sur deux ou trois ou cinq, même, pourquoi pas. Mais presque tous dans le caniveau, après avoir dépensé un bon milliard d’argent public en dix ans ? Faut-il vraiment rappeler qu’on ne sait rien de l’évolution des salaires des vedettes et des producteurs ?

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Quand les données ont commencé à plomber au tournant de la décennie, le milieu a crié à la conjoncture cyclique. Le film populaire Le vrai du faux a coûté plus cher que la plus chère des saisons de n’importe laquelle des séries télévisées québécoises présentées cette année, mais n’a pas attiré plus de monde que le jeu télévisé Atomes crochus de V. La crise semble profonde et structurelle. Ça commence à ressembler à une tragicomédie.