La Presse

(…) une entrevue avec une prof en didactique que j’ai applaudie au moins aussi fort que le camionneur de tantôt: «Depuis 1992, nous dit-elle, j’ai enseigné dans diverses universités dans les programmes de formation à l’enseignement, bon an mal an j’ai rencontré des étudiants qui deviendront assurément d’excellents profs, par contre un nombre IMPORTANT arrivent du cégep après une scolarité moyenne, sans appétit pour la connaissance, ils obtiendront leur diplôme avec des notes médiocres… Ils vont quand même pouvoir enseigner», dit-elle. C’est moi qui souligne.

D’autres, que la dame didactique évalue à un quart environ de chaque cohorte, «ne devraient pas être admis à la formation des maîtres parce qu’ils ne maîtrisent absolument pas les contenus à transmettre à leurs élèves». Ils ne s’intéressent ni aux mots, ni aux textes, ni à la littérature, ni à la langue.

Ajoutez ce quart de nuls au nombre important de médiocres, les chances que votre enfant tombe sur un excellent prof de français sont plutôt minces.

Je résume: le problème n’est pas que le ministre de l’Éducation soit un cancre, ce n’est pas lui qui décide des politiques de l’éducation de toute façon. Le problème n’est pas non plus, comme me l’écrivait une maman éplorée cette semaine, que son fils ne puisse pas trouver Les trois mousquetaires à la bibliothèque de son école.

Le problème, c’est que son prof de français n’a lu ni Ferron, ni Gabrielle Roy, ni Roland Giguère, ni Sylvain Trudel, ni Suzanne Jacob, ni Louis Hamelin, ni Jean-Simon Desrochers, ni André Major, ni Marie-Claire Blais, ni Anne Hébert, ni Tremblay, ni Miron, ni fuck.