Les liens vidéos de cette série signalée dans le Kiosque le 17 janvier 2013 ont été mis à jour.  La série sera ajoutée à la bibliographie de l’article du Kiosque Petite histoire de la Mafia et du crime organisé en Amérique

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États-Unis, 2011, chaque épisode 52mn, 
ARTE

Un documentaire de Ken Burns ( Civil War, Baseball etc.)  et de Lynn Novick

Dans les années 20 aux Etats-Unis, l’interdiction de l’alcool n’empêche pas la consommation d’augmenter dans de redoutables proportions. A l’ère du jazz, les bars clandestins deviennent le symbole d’une vie nocturne urbaine et glamour, décrite par Francis Scott Fitzgerald ou Lois Long, chroniqueuse au «New-Yorker». A Chicago, Al Capone, devenu une star, signe des autographes et tient des conférences de presse, alors que son gang meurtrier étend son emprise sur toute la région. De plus en plus d’Américains commencent à considérer la Prohibition comme une terrible erreur. Mais qui osera remettre en cause la nouvelle loi ?

 

Prohibition – épisode 1/5 : Une nation d’ivrognes

Au milieu du XIXe siècle, aux Etats-Unis, le saloon devient le lieu de rendez-vous des nouveaux arrivants désargentés. C’est alors qu’une vague de ferveur idéologique balaie le pays. De nombreuses ligues de vertu, dominées par les femmes, considèrent l’alcool comme un fléau. La Ligue antisaloon, emmenée par Wayne Wheeler, étend son influence politique. Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, elle n’hésite pas à assimiler les brasseurs et les buveurs de bière à l’ennemi allemand. L’alcool est finalement déclaré illégal le 17 janvier 1920. La Prohibition prétend protéger les familles et favoriser l’utopie protestante d’une vie saine dans l’ensemble de la société américaine. Les conséquences seront bien différentes.

 

Prohibition – épisode 2/5 :Un océan de rhum

Dans les années 20 aux Etats-Unis, l’interdiction de l’alcool n’empêche pas la consommation d’augmenter dans de redoutables proportions. A l’ère du jazz, les bars clandestins deviennent le symbole d’une vie nocturne urbaine et glamour, décrite par Francis Scott Fitzgerald ou Lois Long, chroniqueuse au «New-Yorker». A Chicago, Al Capone, devenu une star, signe des autographes et tient des conférences de presse, alors que son gang meurtrier étend son emprise sur toute la région. De plus en plus d’Américains commencent à considérer la Prohibition comme une terrible erreur. Mais qui osera remettre en cause la nouvelle loi ?

 

Prohibition – épisode 3/5 : Le crime s’organise

Au plus fort de la Prohibition, la production illégale d’alcool explose : brasseries dans les mesas et les canyons du Sud-Ouest, brûleries de whisky dans les collines du Kentucky, chais clandestins dans les caves des grandes villes. Les trafiquants enregistrent des bénéfices sans précédent. Mais les places sont chères et tous doivent se battre pour maintenir leur contrôle sur une ville ou un quartier. Dès lors, les fusillades entre gangs se multiplient, tandis qu’à la Convention démocrate, les délégués se déchirent. Un fossé divise l’Amérique : les grandes métropoles multiculturelles, principalement «wet», contre les campagnes protestantes «dry».

 

Prohibition – épisode 4/5 : Les «moque-la-loi»

Du whisky aux bières légères et même au chou fermenté, tous les produits alcoolisés sont maintenant illégaux. Des millions d’Américains se mettent alors à contourner la loi. Tandis que l’ancien policier Roy Olmstead se lance dans la contrebande et approvisionne Seattle en schnaps canadien, des milliers de «speakeasy» – où l’on commande à voix basse – ouvrent leurs portes pour permettre aux New-Yorkais d’étancher leur soif. Médecins et pharmaciens, agents fédéraux et policiers locaux, rabbins et directeurs de pompes funèbres y trouvent des occasions de profit. Les 200 fonctionnaires chargés de faire appliquer la loi dans la Grosse Pomme ne peuvent que constater leur impuissance.

 

Prohibition – épisode 5/5: Une nation d’hypocrites

Dans l’Amérique de la fin des années 20, même les mères républicaines ne croient plus à la Prohibition. L’une de ses plus anciennes partisanes, Pauline Sabin, accuse la loi d’avoir divisé la nation entre «abstinents, alcooliques et hypocrites». L’escalade de la violence, la corruption des moeurs, l’impuissance du gouvernement lassent l’opinion. Quand la Grande Dépression s’installe, il faut trouver de nouvelles recettes fiscales. En décembre 1933, le nouveau président, Franklin D Roosevelt, abroge le 18e amendement. La bière recommence à couler en toute légalité.

 

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Le Kiosque a publié:

Petite histoire de la Mafia et du crime organisé en Amérique

Extrait:

La prohibition

Le 16 janvier 1920 à minuit, la loi entre en vigueur. Durant l’heure qui suit, six hommes masqués se rendent à la gare de Chicago, maîtrisent sept personnes et partent avec le contenu de deux wagons contenant 100 000 $ de whiskey étiqueté «pour usage médical seulement»; toujours dans la même heure, un autre gang s’empare d’un camion chargé de whiskey; un troisième groupe pénètre dans un entrepôt et part avec quatre barils de whiskey. Le ton est donné pour les prochaines treize années.

C’est quelque chose d’inouï : toute l’industrie de la bière, du vin, de l’alcool, une des plus importantes du pays, est purement et simplement remise aux mains des criminels.

Camion de bootleggers avec son faux chargement

Image: © Bettmann/CORBIS

Dans une première étape, les criminels des quartiers ethniques, irlandais, juifs, italiens, s’approvisionnent localement. Ils achètent la bière, le vin, l’alcool produits dans les sous-sols, les toilettes, les caves, les garages. Ils achètent un baril de bière 5 $, le revendent 36 $ dans un des bars clandestins qui ont poussé comme des champignons.

Mais le produit fini peut rendre les clients aussi bien saouls qu’aveugles. Pas question pour les bars clandestins le moindrement chics de vendre ce genre de trucs. La seule solution est juste de l’autre côté d’une frontière de 4000 milles de long, le Canada.

Ciel! Le toit couleprohibition

Les Canadiens s’adaptent à la vitesse de l’éclair. Ils importent, fabriquent, exportent. La première année de la prohibition, la valeur des importations de scotch whiskey (Grande-Bretagne, etc.) passe de 5.5 millions à 23 millions. En Ontario seulement, on ouvre 23 nouvelles distilleries et 83 nouvelles brasseries. Durant les sept premiers mois de 1920,  la seule ville de Windsor reçoit du Québec 900 000 caisses de whiskey « pour consommation personnelle ». Windsor est en face de Détroit.

Un journaliste de Détroit écrit: « C’était absolument impossible de prendre un verre… à moins de marcher moins de dix pieds et de dire au barman débordé ce que vous désirez d’une voix assez forte pour qu’il vous entende dans le brouhaha de la foule.» Un tsunami d’alcool canadien s’abat sur les États-Unis et, comme dira le fabricant d’alcool Samuel Bronfman qui vend toutes ses bouteilles au Canada : « Je ne suis jamais allé de l’autre côté de la frontière pour compter les bouteilles vides de Seagram. »

Mais pour les criminels des quartiers ethniques, la production, l’importation, le transport, tout ça demande un peu plus d’organisation que de voler un dépanneur ou une sacoche; il faut, sur une base régulière, importer l’alcool, le transporter, le vendre avec ses fausses étiquettes, tenir une comptabilité, payer les pots-de-vin aux maires, aux policiers, etc., le tout en gardant un œil grand ouvert sur la concurrence armée. Et, évidemment, ils doivent sortir de leurs quartiers, de leurs villes, de leur État, coopérer avec des gangs d’autres villes. Bref, les criminels doivent s’organiser.