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Journal de Montréal

Enfin, quelqu’un a compris que nos angoisses identitaires ne se résoudront qu’au moyen d’une politique d’immigration et d’intégration musclée. François Legault en dévoilera les détails cette semaine.

Il est temps de congédier nos fantasmes d’un «vivre ensemble» qui s’installe automatiquement, parce que nous sommes ouverts et gentils. On ne peut recevoir 50 000 immigrants par année, sans disposer d’une politique d’intégration cohérente, et espérer que le tout se déroule comme dans le meilleur des mondes.

C’était peut-être vrai à l’époque où la majorité des immigrants au Canada avaient mariné dans le creuset judéo-chrétien avant de quitter leur pays, souvent européen, pour le nôtre. Aujourd’hui, nos immigrants viennent d’Afrique, d’Asie, du Maghreb. Les concordances culturelles de base sont moins nombreuses.

Si le choc est grand pour nous, n’oublions pas qu’il l’est encore plus pour les nouveaux arrivants. Incapables de communiquer, nous nous regardons en chiens de faïence, sans pouvoir évaluer l’étendue de ce qui nous divise, ni apprécier la profondeur des valeurs qui nous unissent.

Le français en premier

François Legault aimerait que l’on fasse passer un examen de français aux immigrants sélectionnés par le Québec — ce qui exclut les réfugiés et les regroupements familiaux — après trois ans de vie au Québec. La réussite de ce test serait nécessaire pour être accepté définitivement. Trop contraignant, diront certains. Pas du tout. Ce qui est injuste, c’est de laisser les nouveaux immigrants se dépêtrer tout seuls une fois arrivés. On ne peut faire le travail à leur place, mais la société d’accueil a aussi comme obligation de fournir la boîte à outils. Il faudrait aussi arrêter de couper dans la francisation à chaque changement de gouvernement. Le PQ a fait encore plus de dégâts que le PLQ à ce chapitre.

Les gens qui travaillent avec les immigrants parlent encore des COFI, ou Centres d’orientation et de formation des immigrants, qui ont existé de 1969 à 2000 et dont le mandat était de franciser et d’intégrer les nouveaux arrivants. Un proche est passé par un COFI: quelle efficacité! Mais, en 2000, le Parti québécois a mis la clé dans la porte et sous-traité la francisation à des tierces parties. L’intégration est allée à des groupes communautaires. Est-ce vraiment une bonne idée de confier à un organisme chinois l’intégration de personnes venues de Chine?

Oui aux libertés individuelles

Il est tout à fait possible de raffermir l’identité québécoise, de promouvoir les valeurs qui cimentent le Québec, sans retirer des droits fondamentaux à qui que ce soit. Je suis étonnée d’entendre Pierre Karl Péladeau dire qu’il serait favorable à l’interdiction de signes religieux dans la fonction publique, alors qu’il parlait d’interdiction pour les personnes en position d’autorité contraignante il y a quelques semaines.

Le Parti québécois commettrait une ­erreur en remettant tous ses œufs identitaires dans le panier d’une charte qui rebute les jeunes, qui divise Montréal et les régions, et qui serait invalidée par la Charte des droits et libertés du Québec.

Les libéraux, eux, ignorent comment diminuer les angoisses identitaires des Québécois sans égratigner au passage les libertés individuelles. François Legault a peut-être trouvé la solution qui pourrait plaire à tous.