Lise Ravary

Journal de Montréal

J’ai sursauté en lisant ces lignes dans le Courrier d’Ahuntsic, un quartier du nord de Montréal: «Les policiers ont observé… une recrudescence importante de la violence conjugale dans le quartier au moment du ramadan. Le respect du jeûne et l’interdiction de fumer pendant ce mois saint pour les musulmans sont vus comme une source d’impatience qui pourrait entraîner de la violence.»

Cette information est tirée d’un rapport qui trace le portrait de la violence intrafamiliale dans Bordeaux-Ahuntsic, préparé par l’organisme d’intégration sociale Concertation femmes, dirigé par madame Mayson Faouri, et par le Poste de quartier 10 du SPVM. Rapport dont mon journal local a eu le courage de parler.

Ne pas stigmatiser

Les médias ont tendance à taire ces informations, par rectitude politique ou pour ne pas stigmatiser des communautés déjà fragilisées. L’auteur de l’article, le journaliste Amine Essaghir, écrit pourtant: «Si on reconnaît l’universalité du phénomène, l’indication des origines permet d’illustrer la réalité ethnique et culturelle du quartier.» Ce n’est pas en faisant semblant que tout baigne qu’on réglera ces problèmes complexes. Se taire, c’est condamner les victimes à la peur et à l’isolement, surtout si, dans leur culture, la violence conjugale fait partie de la vie. Comme au Québec autrefois.

Mayson Faouri précise aussi que la violence ne se limite pas aux coups: «Il y a aussi la volonté de certains adolescents de contrôler leurs mères ou leurs sœurs.»