Du refus de la défaite, le 17 juin 1940, au défilé de la victoire dans un Paris en liesse le 26 août 1944, voici les quatre années qui virent un homme seul, obscur gradé à l’esprit rebelle, s’imposer en libérateur rassembleur de la nation.

Taciturne et cyclothymique, de Gaulle, dans un mélange d’orgueil et d’obstination, s’est identifié à la France.
Parti de rien, naufragé à Londres, il a bataillé jour après jour pour que la France participe au combat et se retrouve à la table des vainqueurs. Jusqu’au sacre.

Critique du documentaire

(…)  C’est l’histoire d’un homme convaincu d’être la France. Un illuminé persuadé d’être le Sauveur. En d’autres temps, ce prophète-là aurait pu se retrouver interné. A force de courage, de volonté et de réussite, il est devenu un héros. C’est ce destin à nul autre pareil, celui d’un homme dont l’ambition finit par se confondre avec les espoirs d’un peuple et l’âme de tout un pays, que nous conte Patrick Rotman dans ce documentaire consacré aux quatre années que de Gaulle passa à Londres durant la Seconde Guerre mondiale.

Truffé d’archives inédites et d’images méconnues, parfois déroutantes et souvent inattendues, ce film raconte, sur le rythme trépidant des meilleurs thrillers, une odyssée solitaire qui vire peu à peu au péplum. De Gaulle est un général inconnu de 49 ans lorsqu’il se pose à Londres le 17 juin 1940. Il est seul ou presque. La veille, le pays s’est donné au maréchal Pétain. Les Allemands sont entrés dans Paris et l’exode charrie des millions de réfugiés sur les routes de France. Tout semble perdu. Un seul homme refuse ce destin-là pour imposer le sien, ce drôle de militaire fort d’une intuition qui confine au génie : « La France n’est pas seule car cette guerre est une guerre mondiale », lance-t-il le 18 juin au micro de la BBC. En une phrase, de Gaulle a tout compris et tout exprimé du caractère inédit de ce conflit. Les Américains se pensent blottis dans le confort de l’isolationnisme, l’Armée rouge se croit protégée par le pacte germano-soviétique, mais un jour viendra où la planète entière s’embrasera. Et ce jour-là, le fanatisme de Hitler ne pourra rien face à la puissance des forces alliées. (…)