Une photo de Luc Leclerc, 2016.

Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, Lux éditeur, Montréal, 2017, 320 pages.

Serge Bouchard retrace l’histoire de ce «peuple rieur» qu’il côtoie depuis 50 ans.

Résumé par Dominic Tardif, Le Devoir


Le Kiosque a publié : La Conquête: petite histoire des Indiens du Québec (et du Canada)


Extrait:

Lorsque Champlain arrive à Tadoussac en 1603, il signe une alliance avec plus d’un millier d’Innus et d’Algonquins, qui fêtent une victoire récente contre les Mohawks. L’objectif premier est bien sûr d’accorder aux Français le monopole du commerce de la fourrure, mais on s’occupe aussi de l’installation de quelques colons. Selon la tradition orale innue, l’entente disait à peu près ceci : les Français peuvent semer du blé sur la frange de notre territoire en bordure du fleuve que nous n’occupons que l’été. Lorsque la chasse ne sera pas fructueuse, ce qui est régulier, les Français donneront aux Indiens une partie du blé qu’ils y auront cultivé. C’est avec la permission des Innus et des Algonquins que Champlain fonde, en 1608, le comptoir de Québec et, l’année suivante, il accompagne ses alliés dans une expédition contre les Mohawks. Les dés sont jetés pour longtemps: d’un côté les membres de la famille algonquine alliés aux Français, de l’autre les Iroquois, isolés pour l’instant, mais qui s’allieront tout naturellement aux adversaires des Français (les Hollandais, puis les Anglais).

En juillet 1615, Champlain se rend dans la lointaine Huronie pour conclure une alliance qui drainera, grâce aux commerçants hurons, la fourrure des Grands Lacs vers les acheteurs français. Désormais, chaque année, 60 canots et 200 hommes descendent le Saint-Laurent, apportant en moyenne 10000 peaux. Même si le gros du commerce se fait maintenant avec les Hurons, il se poursuit partout ailleurs avec les autres nations.

Mais la nouvelle alliance est un événement politique important: elle modifie considérablement les rapports traditionnels entre les Hurons et les Iroquois. Entourés d’ennemis maintenant très forts et désirant briser leur isolement, les Iroquois se tournent vers les Hollandais de l’Hudson. Contre des armes, ils leur offrent des fourrures piratées aux convois français qui descendent le Saint Laurent. Dès lors, les accrochages entre les Iroquois et les Français et leurs alliés deviendront réguliers, ce qui vaudra aux premiers d’être considérés comme « les méchants » dans nos livres d’histoire.