Les politiciens ne dépensent jamais
Le dernier mot que les maquilleurs du maire de Montréal voudraient lire dans les journaux est « dépense ». Leurs communiqués de presse ne l’utilisent jamais. La grande majorité des journalistes non plus.
Vous voulez un exemple récent de la manière dont on peut éviter d’écrire un mot qui va pourtant de soi? Mais bien sûr, il suffisait de le demander! En voici de beaux spécimens.
Montréal revoit ses prévisions d’investissement
Pierre Saint-Arnaud
La Presse Canadienne
« L’état lamentable des infrastructures routières et les retards constants dans la réalisation des grands projets, notamment les hôpitaux universitaires, ont obligé la Ville de Montréal à remanier en profondeur son Programme triennal d’immobilisations (PTI) 2012-2014.
Le PTI présenté jeudi par le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Michael Applebaum, prévoit des investissements sans précédent de 4,4 milliards $ sur trois ans dont la part du lion, soit 44 pour cent, sera consacrée à la réhabilitation des infrastructures de l’eau et des infrastructures routières.
“Nous avons pris la décision d’investir dans les actifs que nous avons déjà afin de s’assurer qu’ils répondent aux besoins de la population, a expliqué M. Applebaum. Il est très facile de couper un ruban et de dire: ‘nous avons maintenant un nouvel actif’. Mais qu’en est-il des vieux actifs? C’est là que nous avons décidé d’investir parce que nous savons que c’est là que l’argent est requis.”
Les sommes qui seront consacrées à la protection des infrastructures routières en 2012 ont d’ailleurs été augmentées de 38 millions $ par rapport aux prévisions contenues dans le budget 2011, reflétant ainsi l’urgence d’agir en ce domaine.
“Il peut toujours y avoir des changements dans les différents projets et des priorisations, a poursuivi le président du comité exécutif. Pour nous, vous le voyez avec les infrastructures, le maire de Montréal a décidé d’investir plus dans les infrastructures, les tunnels et les ponts, parce qu’on voit clairement qu’il y a là un gros besoin. Il peut toujours y avoir des ajustements durant la période d’un PTI de trois ans.”
Mercredi, le maire Gérald Tremblay avait annoncé un rehaussement des investissements dans les infrastructures routières en dévoilant les rapports et l’état des travaux sur l’ensemble des ponts, tunnels et viaducs de la métropole.
Cependant, le montant total des investissements prévus en 2012 a été réduit de 70 millions $ par rapport aux prévisions du budget 2011 et c’est le poste du développement des nouvelles infrastructures routières qui a subi la plus importante ponction, soit une baisse de 78 millions $.
L’administration municipale explique que les retards dans la construction des deux superhôpitaux universitaires et dans le projet Griffintown obligent la Ville à reporter la construction des infrastructures routières qui doivent soutenir ces projets.
En contrepartie, la prévision d’investissement pour 2013 a été bonifiée de 90 millions $ par rapport à la prévision initiale du budget 2011.
Présenté en octobre depuis plusieurs années, le PTI a été dévoilé un mois plus tôt cette année, notamment dans l’espoir de réaliser des économies en coupant l’herbe sous le pied des acteurs, a expliqué Michael Applebaum.
“Nous sommes aussi en compétition avec le provincial, le fédéral et avec le secteur privé. Si nous (pouvons) sortir le plus vite possible, nous serons capables de faire le travail plus vite et peut-être aussi de faire des économies, parce que les contracteurs cherchent encore du travail à ce moment”, a-t-il expliqué. »