La France vue par un Allemand

« Le metteur en scène et essayiste allemand Benjamin Korn a reçu le prix Clemens Brentano pour les articles et essais qu’il publie dans Die Zeit et Lettre International entre autres. Benjamin Korn vit à Paris depuis 1982.

Il est possible en France de débattre de l’existence de Dieu, du pouvoir des sectes, de la violence à la télévision et du sexe sur Internet – de tout, sauf d’une chose : la fin nécessaire de la Ve République. C’est pour moi un mystère de voir les Français, au pays de la Révolution, déplorer depuis des années que leur président ait les pouvoirs d’un “monarque élu” sans jamais rien tenter pour supprimer cette fonction.

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Le pouvoir du chef de l’Etat est sans limite – et cela ne date pas de Sarkozy. Celui-ci met le Premier ministre sur la touche, oblige le directeur d’une radio publique à licencier deux humoristes qui ne lui reviennent pas, remplace le directeur de la Villa Médicis à Rome, engage la Société générale à se séparer de son PDG, impose à TF1 le directeur adjoint de sa campagne présidentielle, sauve un tyran africain avec l’aide de l’armée, envoie sa ministre des Sports remonter le moral de l’équipe nationale de football en Afrique du Sud et, à la fin de son mandat, sera automatiquement nommé membre du Conseil constitutionnel.

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Mais la majorité des Français ne se mobilisent plus que pour défendre leurs salaires et leurs privilèges.

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Mais ils manifestent en masse contre la réforme du système de retraite – par crainte pour leurs emplois futurs ou, déjà, par préoccupation pour leur lointaine retraite ? »