Mourir pour guérir
Un article de Lise Ravary paru dans le Hufftington Post
« Il y a plusieurs années, j’ai fait un grand reportage pour la défunte revue Qui? sur la nouveauté qu’était alors la croissance personnelle. Dans ma mire, Écoute ton Corps, cette multinationale de la culpabilité patentée, les ateliers d’un pseudo-psy bardé de diplômes d’universités américaines inconnues au bataillon et dont j’ai oublié le nom et un mouvement très connu et très populaire à ce jour, le Landmark Forum.
J’ai infiltré ces organismes pendant plusieurs semaines. Je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Et je suis faite forte. Peur d’être démasquée oui, surtout au Landmark Forum où on a fini par me jeter dehors à cause de mes questions trop insistantes, mais peur pour tous ces gens qui se faisaient manipuler le corps et l’esprit de manière sadiquement dangereuse. Car il n’y a pas que le corps qui soit en danger. J’ai fini par écrire mon texte. Qui m’a été payé le double du cachet normal, pour disparaître aussitôt dans les classeurs des avocats de la maison d’édition du magazine.
[…]
À part l’acupuncture qui jouit d’une certaine reconnaissance et qui est enseignée au niveau collégial, aucun de ces traitements n’est reconnu par la science. Surtout pas la sudation par enveloppement. Même pas l’homéopathie, bien que des tas de gens, parmi eux des médecins, ne jurent que par ce qui serait la «mémoire de l’eau».
Faute de reconnaissance scientifique, on créée des associations, commissions, collèges qui disent représenter les intérêts du public dans cette jungle de thérapeupeutes. Parmi eux, la Commission des praticiens en médecine douce au Québec. Allez voir leur site web: ils se sont bizounés des pages qui ressemblent en tous points à celles du gouvernement du Québec. Au fil de mes recherches sur Internet, j’ai aussi trouvé l’Académie Sutherland d’Osthéopatie qui forme des «osthéopates compétents et vertueux». Ouf, on est rassuré. »