Dévalorisée, usée, écrasée
Une opinion d’Anne-Marie Quesnel (parue sur Cyberpresse)
L’auteure est enseignante au privé depuis 19 ans.
Extrait :
« Nos jeunes sont convaincus que tout (je dis bien TOUT) ce qui leur passe par la tête est digne d’intérêt et doit être partagé illico. Ça presse! Vous connaissez Facebook? Twitter? Eh bien, c’est comme ça en classe – Je viens de me faire un sandwich! Je sors de la douche! Je viens de me gratter! J’ai un cheveu qui est tombé! -, sauf qu’ils disent chaque pensée, intéressante ou pas, sur-le-champ, à voix haute, que le prof soit au milieu d’une explication ou pas, qu’il y ait un examen ou pas. Bien loin de nous l’époque où on tournait la langue sept fois avant de prononcer un mot…
Nos ados croient que les profs sont des serviteurs (ou des nounous… ou des punching bags) à qui ils peuvent tout dire, n’importe comment. Ils peuvent nous insulter, nous injurier, nous intimider devant tout le monde. Vous savez pourquoi? Vous allez rire, je suis sûre. C’est parce qu’ils ont le droit de s’exprimer! C’est dans la constitution! La liberté d’expression, oui madame! La semaine dernière, une élève a réagi aux critères d’évaluation que j’annonçais en me criant en classe: «C’est chien, ça!» et d’en rajouter encore et encore, un autre d’ajouter «On veut un débat!», comme si c’était eux les spécialistes de l’éducation. Parfois, on reste bouche bée devant de telles interventions. C’est tellement malpoli, tellement inconcevable qu’on ne peut pas croire qu’on est en train de le vivre. »