Les cliniques de virilité
Par Jean-Benoît Nadeau, chroniqueur.
“La Torontoise me toise
La réceptionniste me remet un sac de papier brun avec une feuille d’instructions – juste de l’écrit, pas d’image. Je demande, avec une assurance de pro :
«Alors, je fais ça où?
– Chez vous.
– On ne fait pas ça ici, maintenant.»
Son sourire s’est crispé.
«Non jamais.
– Vous êtes sérieuse? Je dois aller chez moi, c’est loin, en vélo et revenir en vélo.
– Dans l’heure.»
J’ai vu dans son regard qu’elle était sur le point d’appeler la police pour harcèlement.
Je suis donc sorti en me demandant comment régler ce problème logistique :
Sachant qu’il faut arriver au laboratoire avant 10 h et qu’il faut 42 minutes en vélo, cinq minutes pour se vêtir, déverrouiller et verrouiller le vélo, trois minutes pour marcher, et six minutes pour jouir, à quelle heure dois-je passer à l’acte?
Cela me donne une fenêtre étroite : je dois avoir joui entre 8 h 56 et 9 h 04 si je veux arriver à temps pour le labo.”