La maladie de l’illusion

Anne Murray

Pendant des années, la chanteuse canadienne Anne Murray a reçu des centaines de roses, des milliers de lettres d’amour d’un admirateur convaincu que la chanteuse l’aimait secrètement. Il a été condamné 11 fois. Sans aucun effet. Cette persistance de sangsue est la marque de commerce des érotomanes.

L’érotomanie est un sérieux problème psychologique, peu connue, souvent mal compris. Les érotomanes (dans les trois quarts des cas une femme) croient que quelqu’un, souvent une star, une vedette, mais toujours inatteignable a des sentiments passionnés pour eux mais que, à cause de certains obstacles ( différence d’âge, gêne extrême, différence de statut social, un conjoint) ces sentiments ne peuvent pas être révélés.

L’obscurité relative des érotomanes ( le terme lui-même date du XVIII siècle) réflète leur mode de vie. Les érotomanes mènent généralement des vies tranquilles, isolées socialement. Très rarement sont-ils mariés. Et, parce qu’ils croient que rien ne cloche chez eux, ils ne cherchent pas d’aide professionnelle.

En dépit de son nom, l’érotomanie a peu à voir avec le sexe. les érotomanes sont obsédés par une liaison romantique avec une seule personne. C’est comme avoir le kick sur quelqu’un mais plus intense.

C’est typique des adolescents et des adolescentes. La plupart des adultes changent en devenant adultes, mais pour un raison ou pour une autre certains demeurent isolées dans leurs feelings et n’acceptent jamais la réalité dans les relations hommes-femmes.

Il n’est pas infréquent qu’ils gardent leurs illusions pendant des années, fixés sur la même personne. Les avis et les conseils d’amis ou de parents ne peuvent les convaincre que leur « affaire secrète » est un pur produit de leur imagination.

L’érotomanie n’est pas une forme de schizophrénie. Même s’il y a des similitudes entre les deux ( les illusions érotomanes peut se produire chez des personnes schizophrènes) les experts maintiennent que l’érotomanie diffère, au moins dans un aspect: les érotomanes ne sont jamais « envahis » par une autre personnalité. Ils croient. sans l’ombre d’un doute, que l’autre personne est amoureuse elle aussi et que s’ils s’y consacrent complètement, cette persone finira par révéler ses sentiments. De plus, à la différence des schizophrènes, les érotomanes, souvent des solitaires, ont souvent des vies personnelles ordonnées, quoique ennuyantes, et sont capables de fonctionner avec une normalité relative.

Certaines drogues peuvent garder les émotions des érotomanes à un niveau moins intense. Mais les érotomanes, ne se croyant pas malades, refusent de prendre des médicaments. Souvent, le seul traitement viable » est la séparation. Les amis, le thérapeute, ou la police vont les inciter à s’éloigner de l’objet de leur obsession. Et même s’ils n’abandonnent peut-être jamais leurs delusions érotiques, au moins leurs cibles ne sont plus constamment assiégés.

Dans quelques rares cas, toutefois, l’érotomane peut être « shocked out » de ses illusions. Quand on lui présente suffisamment de preuves qu’il n’y a pas de relations – habituellement durant une confrontation face à face- elle peut abandonner et se retirer. Mais alors elle peut déplacer son obsession vers une autre personne et recommencer le processus.

A cause de ces cycles d’illusions, des experts croient que l’érotomanie doit être traitée comme une dépendance similaire à l’alcool ou la drogue. On peut ainsi montrer aux érotomanes les conséquences de leurs illusions puis travailler, une étape à la fois, pour les aider à reprendre le contrôle. Le problème est que pour la plupart des érotomanes, la vie « normale » est ennuyante.

L’homme obsédé par Anne Murray

L’homme obsédé par Shania Twain