Eviter un scénario à la post-Mai 68

Blandine Parchemal

« (…) comment agir de manière telle à ce que ce ne soit pas le gouvernement libéral qui soit réélu ? Quelle position les étudiants en grève devraient-ils tenir pour empêcher une réélection de la droite qui donnerait un coup d’arrêt au mouvement de contestation pour quelques temps?

Une chose serait à éviter me semble-t-il : que la campagne électorale du Parti Libéral se cristallise autour du mouvement étudiant et de la lutte contre la hausse des frais de scolarité, que le gouvernement libéral se construise un capital de sympathie là-dessus et qu’ainsi soit oublié tous les autres sujets qui pourraient mettre à mal le gouvernement : Plan Nord, corruption, commission Charbonneau, etc… Une des avenues possibles est donc de continuer à élargir le mouvement, de continuer à l’ouvrir aux autres revendications populaires, de faire en sorte que ce beau slogan « La grève est étudiante. La lutte est populaire ! » acquiert une effectivité.

Il me semble en effet qu’une des plus grandes réussites du mouvement de grève étudiant est quelque chose qu’on pourrait décrire comme un nouveau surgissement de la gauche. Et c’est là-dessus que pourrait se poursuivre la contestation actuelle : réaffirmer les principes de justice et d’équité propres à la gauche, puis construire à partir de ces principes un large front anti-libéral, un large front critique vis à vis des politiques profondément injustes et socialement destructrices de droite.

Bref, il ne s’agirait pas pour le mouvement étudiant de prendre le bord de tel ou tel parti mais de continuer à défendre des idées de gauche qui déversent aujourd’hui un nouveau souffle sur le Québec. Il s’agirait de poursuivre cette réactivation de la gauche que le mouvement étudiant s’est employé magistralement à faire depuis fin février et ainsi continuer d’avancer sans jamais reculer, la seule chose à faire reculer étant le parti libéral. »

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Andrea Mercier« S’il existe une solution à la violence politique de l’État qui fait la sourde oreille à la contestation étudiante, il ne s’agit pas d’un pacifisme à tout prix qui n’est en vérité qu’une pacification ou une répression de soi et des autres qui n’est elle-même qu’une forme de violence. En effet, comme le domaine politique semble aujourd’hui soumis au domaine économique, c’est relativement à ce dernier qu’il faut répliquer, puisqu’il n’est pas lui-même contrôlé par l’État. En fait, il faut protéger l’État du domaine économique qui exerce sur lui une hégémonie grandissante qui est elle-même intégrée comme « normale » par une trop grande part de la population.

Ainsi, afin de répondre à la violence économique qui se place au-delà de la légalité, seule une violence économique est envisageable. Le mouvement étudiant peut donc légitimement recourir à l’action directe et collective en tant qu’il s’agit d’un moyen de perturbation économique. La désobéissance civile nous est permise lorsque le gouvernement lui-même menace la civilisation et prétend y substituer une jungle économique. »

Et finalement:


« Nous proposons que l’[ASSOCIATION] se dissocie de toute action non organisée par elle-même, mais qu’elle ne dénonce pas les actions, quelles qu’elles soient, organisées par d’autres groupes ou individus. »