Conflit étudiant : Denise Bombardier éclaire les Français
http://www.journaldemontreal.com/2012/06/24/dennise-bombardier-eclaire-les-francais
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Question : Que pensez-vous de la façon dont la presse française a couvert la crise étudiante ?
Réponse : Au début, ils n’en parlaient pas puis quand ils se sont mis à en parler, il y a eu le délire du journal Libération qui vivait ça comme si le Québec était en train de refaire la Révolution française et qu’on était en train de mettre en échec le capitalisme en Amérique du Nord ! Heureusement, il y a quelques semaines, Le Monde a demandé à des gens qui pensent différemment d’écrire des articles. Le problème, c’est que tous les journalistes qui sont allés au Québec ont fait de l’éditorial. Le choix était idéologique. Ils partaient au Québec pour venir conforter ce qu’ils avaient non pas perçu, mais ce qu’ils espéraient. Ils ont porté sur le Québec un regard totalement romanesque, parce que la révolution c’est toujours romantique. La preuve, c’est que le poster de Che Guevara est encore partout !
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Question : Mais comment pouvaient-ils comprendre la situation s’ils n’avaient que le point de vue des manifestants avec le carré rouge ? Comment pouvaient-ils comprendre que la chef de l’opposition portait le carré rouge ?
Réponse : Je veux que vous me citiez sur ceci : ceux qui ont informé les Français, en disant que le Québec est fasciste, c’est irresponsable de dire des choses pareilles ! Quand on se parle entre nous en famille, il y a des choses qui passent. Mais quand on parle aux étrangers, il faut quand même se ressaisir un peu, parce que ça a un impact très différent. De dire que le gouvernement est complètement pourri, fasciste et dictatorial, ça amène des comparaisons avec la Libye, la Tunisie. Est-ce qu’on a le droit de dire des choses comme ça en parlant du Québec ? Non, on n’a pas le droit quand on est responsable ! Surtout quand on est instruit et qu’on se dit intellectuel, on n’a pas le droit d’aller dire ça ! À partir du moment où on compare à ce qui ne se compare pas, on est dans l’insignifiance, dans l’irresponsabilité et dans l’outrance.