La lutte des classes
(…) Philippe, c’était notre leader étudiant, car nous avions le privilège d’avoir un futur député parmi nous. Qui sait, peut-être un ministre de l’Éducation?
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Toujours est-il que, après les présences, la professeure nous présente notre cours et bien évidemment le plan de cours.
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Et là, quelle ne fut pas ma surprise de voir mon Philippe, en tant que représentant/e étudiant/e, demander au professeur de sortir pour permettre aux étudiants/es de discuter du plan de cours — l’horaire, le pourcentage, les dates d’examens. Et après le vote, il fallait que deux représentants/es de la classe signent le plan de cours.
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Je n’en suis toujours pas revenu.
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Quand je raconte l’UQAM à des étrangers solidaires des grévistes, je leur raconte Philippe, le vote sur le plan de cours et ils comprennent mieux ce qui cloche à l’UQAM : le kolkhoze est dans le campus.
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L’idée même que des étudiants/es puissent voter sur un plan de cours contredit non seulement ce que devrait être la mission universitaire, mais elle contredit une large part du discours des leaders étudiants.
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Parce qu’au fond, à vouloir se mêler de dire au prof ce qu’il doit enseigner ou pas, ils font la preuve qu’ils sont eux-mêmes des consommateurs – qui consomment un service – plutôt que d’être à la poursuite du savoir.
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Or, je vous rappelle que l’argument principal des leaders étudiants contre la hausse des frais de scolarité, c’est précisément que l’université n’est pas une usine à cours, qu’ils ne sont pas des consommateurs d’un service, et qu’il faut tout faire pour donner à tous accès au savoir et à la connaissance.
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Je veux bien : mais à condition que tous ne commencent pas à dire au prof ce qui devrait être sur l’examen!