Le blogue de Sophie Durocher – 26 novembre 2012
Sodomiser les coléoptères…
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… ou enculer les mouches.
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C’est à cette tâche réjouissante que notre bon gouvernement a affecté la somme de 100 000 $ en permettant la tenue la semaine dernière d’un colloque à Paris sur la culture et le développement durable.
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Cette information, révélée par la Presse Canadienne, m’a fait bondir.
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Vous êtes un artiste au Québec, vous crevez de faim, vous devez faire la queue pour obtenir une maigre subvention, vous pratiquez votre art dans des installations vétustes.
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Mais pendant ce temps-là, le ministère de la Culture débloque des fonds pour permettre à Edgar Morin de partir de Marrakech pour assister à un colloque où l’on va couper les cheveux en quatre…
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Ainsi, une des tables rondes proposait de s’attaquer au phénomène «d’écolassitude». On s’interrogeait à savoir si la culture ne pouvait pas devenir «le levier d’un renouveau environnemental en territoire urbain? Ne devons-nous pas miser sur le réenchantement, le réengagement de l’imaginaire et du sensible pour promouvoir le développement viable des villes?»
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Ce colloque, apprenait-on aussi dans le programme, devait ouvrir la porte à rien de moins qu’une «réforme des modes de vie, de notre rapport à l’Autre et au monde, autant qu’une réforme de la pensée».
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Je rêve ou quoi? On n’arrive pas à trouver des sous pour financer des projets artistiques viables mais on trouve des bidous pour payer quatre soirs d’hôtel à des grands intellectuels pour deux jours de colloque sur le “réengagement de l’imaginaire”.
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Le type de “lassitude” dont je souffre n’ pas grand chose à voir avec l’”écolassitude” mais beaucoup à voir avec l’”éconolassitude”, cette attitude de plus en plus courante du contribuable qui commence à être tanné qu’on utilise ses impôts pour financer des colloques bidons, qui comme par hasard, n’ont jamais lieu dans des endroits plates à mourir mais dans des grandes capitales où on paye des jus d’orange 16$ le verre.
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“Il y deux façons d’enculer les mouches : avec ou sans leur consentement”, écrivait mon auteur préféré Boris Vian.
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Dans ce cas-ci, c’est bien involontairement que les mouches-contribuables québécoises se font passer un sapin.