Évidemment, on retrouve au Québec les groupes signalés dans ces deux articles de Paris Match
DÉRIVES SECTAIRES: L’EMPRISE SUR NOS INSTITUTIONS 1/2
Ces mouvements ne s’attaquent pas qu’aux individus vulnérables. Ils pénètrent aussi des univers hautement instruits. Leur mainmise est tentaculaire et mal mesurée par les organes de surveillance. Première partie.
Isabelle Léouffre – Paris Match
Une bien curieuse mésaventure est dénoncée, en 2009, par Georges Fenech, quand il est encore le président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). L’Eglise de scientologie comparait alors devant le tribunal correctionnel de Paris pour « des faits d’escroquerie en bande organisée et exercice illégal de la pharmacie ». Le procureur de Paris requiert sa dissolution. « Mais, dans le jugement, on va s’apercevoir que, subrepticement, l’alinéa de la peine infligée n’existe plus ! La “dissolution pour les personnes morales en matière d’escroquerie” a disparu, s’insurge l’actuel député UMP du Rhône. Le procureur a donc requis une peine vide ! »
A ce jour encore, l’affaire reste trouble. Il s’agirait d’une erreur informatique d’un administrateur de la commission des lois qui aurait voulu simplifier le droit. Georges Fenech : « Pour moi, il y a eu manipulation. De qui ? Pourquoi ? Cela reste à définir. » Quelques années auparavant avait également disparu un tome et demi du dossier de l’Eglise de scientologie au tribunal de Paris !… Malédiction ou conspiration ?
Il est aujourd’hui avéré que l’Eglise de scientologie étend son influence par une présence tentaculaire jusqu’au cœur du pouvoir, en plaçant ses adeptes à des postes clés, dans tous les domaines : médias, industrie, administration, tourisme, informatique… Comme toute entreprise, le but est d’asseoir son empire financier, de maintenir sa puissance et de poursuivre son développement. Ron Hubbard, son fondateur, l’avait déclaré haut et fort : « Le jour où tous les scientologues se tiendront la main, nous prendrons la planète. »
DÉRIVES SECTAIRES: L’EMPRISE SUR NOS INSTITUTIONS 2/2
Ces mouvements ne s’attaquent pas qu’aux individus vulnérables. Ils pénètrent aussi des univers hautement instruits. Leur mainmise est tentaculaire et mal mesurée par les organes de surveillance. Après des années d’inféodation, d’anciennes victimes racontent. Seconde partie.
Vanessa Boy-Landry – Paris Match
Trois exemples d’infiltration des CHU français
Le 22 juin 2012, le Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes a rappelé que la fasciathérapie n’est pas reconnue par la profession. Cela n’empêche toujours pas le fasciathérapeute français Danis B. et ses disciples d’œuvrer au sein d’au moins cinq hôpitaux français. Sa pratique « soutient l’existence dans le corps d’un mystérieux mouvement animant les fascias, tissus conjonctifs qui délimitent les organes, un mouvement imaginaire qui aurait un impact sur la santé », raconte le journaliste Olivier Hertel dans le magazine “Sciences et avenir”.
Adepte de la secte de Shri Ram Chandra dans les années 80, Danis B. a mis au point cette pratique « dans la prévention ou le soutien du cancer, de la sclérose en plaques, du déficit immunitaire… ». Pour pénétrer les institutions universitaires françaises, il a obtenu un diplôme en sciences de l’éducation à Séville, puis s’est fait nommer professeur dans une université privée de Lisbonne avant de devenir professeur associé à l’université de Rouen… Il a ensuite créé un doctorat de fasciathérapie reconnu par l’Etat, via son école privée à Ivry-sur-Seine ! « Un business très lucratif puisque la marque “méthode Danis B.” affichait déjà en 2009 un chiffre d’affaires de plus de 1 million d’euros ! » relève Olivier Hertel qui affirme que le personnage bénéficie de soutiens de poids à l’intérieur même du système universitaire.
De son côté, au CHU de Nantes, Lise C., chercheur au CNRS, s’est alarmée de la mise en place d’un diplôme d’hypnose ericksonienne, une thérapie proche de la programmation neuro-linguistique (PNL), bien éloignée de l’hypnose médicale utilisée pour les anesthésies. « Lors d’un conseil d’administration, j’ai pris position contre ce diplôme, raconte-t-elle. Je redoute en effet les dérives sectaires et les techniques de manipulation mentale au sein de l’université. » Mais la directrice du CHU a balayé ses doutes en prenant la défense du chef de service en psychiatrie, Wilfrid M., qui est aussi le président de l’association ARePTA, dispensant l’enseignement de l’hypnose ericksonienne pour environ 1 500 euros les quatre sessions de trois jours. (Les internes en médecine bénéficient d’une ristourne de 20 %…)