Vol, gaspillage et indifférence
Un article de Lise Ravary (Journal de Montréal)
Dans les années 80, j’ai travaillé comme cadre en relations publiques pour un grand transporteur aérien international, aujourd’hui disparu. CP Air pour ne pas le nommer. La vraie belle vie ! Nous dépensions l’argent des actionnaires aussi vite qu’un vieux 747 consomme du carburant. Comptes de dépenses somptueux, hôtels de luxe en voyage d’affaires, places garanties en première classe. Mon patron remboursait même mes robes du soir quand je devais assister à une soirée mondaine pour représenter l’entreprise. Et le coiffeur, le maquilleur. Et les chaussures, si elles avaient des brillants.
J’invitais ’mes’ journalistes à déjeuner aux Halles, le meilleur resto de Montréal. Pour eux, que les meilleurs vins, des bouteilles à 100$, les meilleurs scotchs en apéro, et au moment de commander, personne ne se rabattait sur la table d’hôte, croyez-moi. Pour le digestif, de grands Cognacs, Armagnacs et autres Poire Williams de luxe.
Et les voyages, les voyages ! Rome, Milan, Amsterdam, les îles Fiji, le Japon, Hong Kong, Shanghai, l’Australie, la Nouvelle-Zélande. First class all the way.
Air Canada a déjà rempli tout un 747 de journalistes et de célébrités locales pour assister à la première de Starmania à Paris. À cette époque, Air Canada était encore propriété du gouvernement…
(…)
L’ÉTAT, C’EST NOUS
La même chose doit arriver dans le secteur public. Les actionnaires de l’État québécois, c’est nous. Les contribuables. Les citoyens investissent leurs impôts dans leur propre société. Or, nous en avons assez d’avoir à piger dans nos poches pour renflouer notre entreprise, le Québec, qui s’enfonce dans le rouge. Si rien ne change, pour survivre, il devra se vendre, pièce par pièce, aux grands financiers internationaux, qu’ils se trouvent à Shanghai, Mumbai ou à New York. Ou Calgary.
Le Québec a emprunté 3 milliards$ depuis le 20 novembre !
La fonction publique doit comprendre que la culture du bar ouvert et la mollesse administrative ne peuvent continuer, sans parler des activités criminelles. Et les élus doivent montrer l’exemple, n’est-ce pas monsieur Maka Kotto ? Skype, vous connaissez ?
Il n’y a que le ‘je m’en foutisme’ qui puisse au final expliquer la débâcle du CUSM et la corruption qui semble maintenant endémique dans le municipal. Des centaines de gens savaient mais n’ont rien dit. Plusieurs en ont même profité. C’est si facile de se tromper dans ses calculs quand c’est l’argent des autres.
Là est l’erreur: C’est pas l’argent des autres, c’est l’argent de nous autres.