Le Wal-Mart controversé de la Cité des Dieux
Résumé de Julie Turgeon
En 2003, Wal-Mart désire construire un magasin dans le champ de luzerne de Madame Elda Pineda. Un endroit idéal; situé à l’entrée de la ville de San Juan Teotihuacán, à moins d’un mille des pyramides du soleil et de la lune. Avec tous les touristes du coin, il attirerait près de 250 personnes l’heure selon les calculs de la multinationale. Mais un obstacle entrave le chemin du géant. La Ville de Teotihuacan est catégorique. Aucun développement commercial n’aura lieu ici. À Noël 2004, Wal-Mart ouvre ses portes.
Quelques pots-de-vin versés à des autorités mexicaines ont permis à Wal-Mart de se construire dans la cité préhispanique, inscrite au patrimoine de l’Unesco, selon une enquête du New York Times. Un montant de 200 000 dollars pour la construction; et quelque 50 000 dollars pour falsifier la carte qui délimite le périmètre du site archéologique. Mais la corruption ne s’arrête pas là.
Toujours selon NYT, 19 autres magasins Wal-Mart, situés un peu partout au Mexique, ont été bâtis dans l’ombre. C’est le cas du Sam’s Club, une espèce de Costco opéré par Wal-Mart, érigé près de la Basilique de Guadeloupe, dans un des quartiers les plus denses de la Ville de Mexico. Le Sam’s Club n’a pas eu besoin de licence de construction, de permis de circulation, ou d’évaluation environnementale…Une liasse de 340 000 dollars a fait l’affaire.
Depuis que NYT a commencé à révéler en avril 2012, les problèmes de corruption de l’entreprise américaine au Mexique, où il est le plus grand employeur privé, avec 221 000 travailleurs dans 2275 magasins et restaurants, Wal-Mart fait l’objet d’examen. Mais il ne s’est pas encore prononcé sur sa conduite à Teotihuacán; il mène sa propre investigation. L’an dernier, il a dépensé plus de 100 millions de dollars dans un programme anti-corruption, en embauchant des centaines d’avocats, d’enquêteurs et de comptables criminalistes. Certains Wal-Mart en Chine, au Brésil et en Inde sont aussi corrompus.
Or, ménage ou pas au programme, il reste qu’aujourd’hui, ce supermarché repose sur un terrain où se trouvent des fragments d’un autel préhispanique (La Jornada). Et le message que ce Wal-Mart dans la Cité des Dieux envoie aux Mexicains est assez clair: si on peut construire là, on peut construire partout. «Pauvre, Mexique! Si loin de Dieu, si près des États-Unis!», avait dit Porfirio Díaz, président du Mexique de 1876 à 1911.
Sources
The Bribery Aisle: How Wal-Mart Got Its Way in Mexico, New York Times
Wal-Mart’s U.S. Expansion Plans Complicated by Bribery Scandal
Hubo daños a Teotihuacán por construir tienda de Wal-Mart
Vidéo sur le sujet: