Le Monde

Par Vincent Maraval, distributeur et producteur, fondateur de la société de distribution de films Wild Bunch


Gérard Depardieu, le 1er octobre 2012 à Berlin. | AFP/JOHANNES EISELE

L’année du cinéma français est un désastre. Pendant que Gérard Depardieu fait l’actualité et que les ministres rivalisent d’esprit pour en faire le scandale du moment et dénoncer son exil fiscal à 2 kilomètres de la frontière d’un pays dont il ne se sent “plus faire partie”, personne ne parle du cinéma français. Or tous les films français de 2012 dits importants se sont “plantés”, perdant des millions d’euros : Les Seigneurs, Astérix, Pamela Rose, Le Marsupilami, Stars 80, Bowling, Populaire, La vérité si je mens 3, etc.

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Sur le site h16free.com

Seulement 3 films français rentables (en salle) en 2010 (nombre total de ces films produits en une année: plus de deux cents)

Intéressant panorama dressé par l’hebdomadaire professionnel « Le Film Français », et qui remet très à propos les pendules à l’heure quand il s’agit de l’exception et de la culture française : seuls trois films sont rentrés dans leurs frais de production en 2010.

Ainsi donc, dans le pays de la subvention tranquille, où le contribuable et le spectateurs financent sans le savoir des films qu’ils ne vont pas voir et dont ils n’entendent jamais parler, seuls trois films ont tiré leur épingle du jeu en équilibrant leur budget.

Comme le nombre est petit, la liste peut être fournie entièrement : celui qui s’en sort le mieux est donc « Des Hommes et Des Dieux », suivi de près par « L’Arnacoeur » et enfin de « Mammuth » …

C’est tout à fait éclairant.

D’une part, cela démontre que certains types de films français parviennent à rassembler plusieurs centaines de milliers de personnes. C’est, en soi, plutôt rassurant : bien qu’on entend régulièrement les pleurs humides de certains, réclamant en se tordant les poignets, de vigoureuses actions évidemment étatiques pour sauver la production française de l’hydre américano-mondialiste, la réalité montre que le public est encore prêt à se déplacer. Et lorsqu’on prend en compte le nombre total de ces films produits en une année (plus de deux cents), on se rend donc compte que les cinéastes ne manquent pas … et que la qualité, elle, laisse à désirer : un seul petit pour-cent seulement relève le défi de ne pas laisser d’ardoise.

D’autre part, on constate que les piscines de subventions dans lesquelles baignent la profession cinématographique auront eu un effet intéressant de polarisation des productions.

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The Future of French Cinema

Les commentaires du New Yorker.