Unir les souverainistes ? Ou unir seulement les souverainistes de gauche ?

J’en tire une conclusion plus ou moins simple: tant que l’union des souverainistes ne saura pas se délivrer de l’obligation d’être à gauche, tant qu’elle supposera que la souveraineté et la social-démocratie vont nécessairement ensemble, tant qu’elle ne proposera pas un discours qui transcende la «gauche et la droite», elle se perdra d’un comité à l’autre sans jamais aboutir à quoi que ce soit de sérieux et de concret. Il faudra, tôt ou tard, que le souverainisme fasse un virage historique. Sinon, il poursuivra son déclin.

Tant qu’on ne dira pas clairement que l’idée d’un rassemblement national implique d’aller rejoindre les électeurs passés au fil du temps à l’ADQ, à la CAQ, des électeurs qui se sont réfugiés dans l’abstention aussi, elle ne voudra rien dire. Tant qu’on ne comprendra pas qu’il ne s’agit pas seulement de draguer les souverainistes tentés par Françoise David mais d’aller rejoindre les électeurs qui ont de la nostalgie pour Lucien Bouchard, qui se reconnaissent dans les chroniques de Joseph Facal, qui ne sont pas indifférents au réformisme de François Legault, on se perdra dans un vain babillage.

La chose est-elle encore possible dans une société où la question nationale implose, où le souverainisme se caricature souvent lui-même comme une obsession générationnelle, où le clivage gauche-droite émerge après avoir été longtemps refoulé, où le multiculturalisme comme la mondialisation inhibent de plus en plus le sentiment national, où l’idéologie des «droits de l’homme» fracture la communauté politique et torpille l’idée même d’un monde commun? La gauche et la droite peuvent-elles encore relativiser leurs divergences au nom de la cause nationale? Avons-nous historiquement raté notre coup?

Je ne sais trop. Je suis indépendantiste. Profondément indépendantiste. Mais je ne vois trop comment cette cause parviendra à renaître tant qu’elle ne se délivrera pas de la gangue idéologique trop serrée qui la comprime depuis longtemps et qui aujourd’hui, l’étouffe. La chose étonnante, évidemment, c’est qu’il y en a toujours pour croire que c’est en resserrant cette gaine qu’enfin, la cause nationale reprendra de la vigueur, reprendra son élan historique. J’espère que dans ses travaux, la Convergence nationale s’ouvrira à ce grand virage stratégique. J’espère du moins qu’elle ouvrira ces questions sans quoi la cause si noble qu’elle sert poursuivra son déclin.