BOUTIQUES RUE DU COMMERCE

Un article du Figaro

L’arrêté exigeant l’extinction des commerces et bureaux la nuit a été publié mercredi au Journal officiel. La mesure entre en vigueur le 1er juillet prochain.

 

Les réactions de l’éditorialiste de Contrepoints :

Combattre la nuit, combattre la lumière

Alors c’est décidé, le 1er juillet de cette année, les magasins devront couper la lumière de leurs vitrines. Les mairies arrêteront d’illuminer les monuments et les points remarquables. Éteignons tout cela, que diable, ce n’est plus tendance, voyons  !

Mais voilà : comme à présent, les Français se doutent bien que cette histoire d’économie en coupant les lumières la nuit, c’est du gros flan mou, le gouvernement a déjà commencé à préparer le terrain. Pour faire passer cette idée anti-lumineuse, on n’aura qu’à dire qu’il s’agira certes d’une opération d’économie d’énergie, mais aussi une magnifique occasion de faire de l’écologie à double tranchant : d’un côté, cela fera moins de CO2 rejeté dans l’atmosphère (…)  et puis surtout, cela va protéger la nuit !

Et pour bien comprendre la problématique, il faut donner la parole (et la retransmettre avec force dans les médias) à Anne-Marie Ducroux, qui est la célèbre présidente de l’ANPCEN, la non-moins légendaire association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne. Comment ça, vous n’en aviez jamais entendu parler ? Comment ça, vous ne savez pas de quoi ça parle ? Mais enfin, sur quelle (sombre) planète vivez vous ? C’est Mme Ducroux qui a prouvé, dans un calcul précis et reconnu par des douzaines de journalistes sur toute la planète que le nombre des éclairages publics a progressé de 64% en vingt ans (64 putain de fucking pourcent, vous vous rendez compte c’est totalement HALLLLLUCINANT quand on y pense !). Et c’est carrément catastrophique quand on sait qu’en plus, la durée d’éclairage passait de 2400 à 4000 heures dans le même temps ! C’est MONSTRUEUX ! Il y aurait, selon ses estimations (qui font froid dans le dos mais qui permettent d’y voir clair dans les ruelles sombres) des millions, oui, je dis bien, DES MIYONS d’enseignes allumées la nuit ! Si l’on y ajoute les bureaux inoccupés, et les mairies qui ne font rien qu’à succomber aux charmes des « plans lumières » qui balayent, la nuit, les ponts ou les monuments des cités, il faut bien comprendre que la France est devenu un véritable spot lumineux dans la galaxie, un pulsar vibrant d’énergie lumineuse qui grille inutilement les rétines de millions de petits animaux !

Devant telle calamité, Mme Ducroux ne peut s’empêcher de s’écrier :

« Si l’on voyait un robinet couler, on l’éteindrait. Pourquoi ne pas faire de même avec la lumière ? »

C’est vrai, ça, quoi bon. Tout le monde sait qu’on peut se passer de boire pendant une heure ou deux. Et pour la lumière, c’est pareil : un éclairage furtif d’une petite seconde permet de bien apprécier tous les petits meubles bas de la pièce et de la traverser sans encombre. Et puis un commerce qui s’éteint, c’est un socialiste qui sourit, c’est un écolo qui frappe des mains, et c’est bien plus joli. Il n’y a bien qu’un salaud de boutiquier capitaliste pour oser prétendre que, je cite,

« Tout le monde aime les vitrines illuminées, et pas seulement à Noël. »