Le mystère de l’île flottante
“Le Canard enchaîné” – mercredi 23 janvier 2013 – 5 (non disponible sur le web)
“Battre les blancs d’oeuf en neige très fer, mélanger le sucre et la vanille, verser dans un moule à timbale…” Dans n’importe quel livre de cuisine, la recette de l’île flottante est invariable : il faut des oeufs, du sucre, du lait et de la vanille. Quatre ingrédients, point. Mais, comme le remarquent les auteurs d’un excellent petit ouvrage, “Manger bio c’est mieux!” (édition Terre vivante), ça, c’est la recette traditionnelle de l’île flottante. La version moderne n’a rien à voir. Non seulement l’île flottante industrielle comporte pas moins de 17 ingrédients, mais, tour de force insurpassable, elle supprime carrément les oeufs! Oui, une île flottante sans oeufs, c’est possible. Et c’est signé Yoplait.
Aujourd’hui, la marque Yoplait est contrôlée par le géant américain General Mills, sixième groupe agroalimentaire sur la planète, avec, entre autres, dans le Caddie, Géant vert et Häagen-Dazs.
Subtilement rebaptisée “Île gourmande”, l’île flottante signée Yoplait est un dessert lacté “original” et “idéal pour toute la famille”. L’astuce, c’est qu’on y a troqué les oeufs contre des protéines de lait. Lesquelles ont l’immense avantage d’être moins chères… Le tout est assaisonné d’une tripotée d’additifs et d’arômes, comptez-en six rien que pour faire le caramel, mais aussi d’émulsifiants, comme le E472b ou le E471, de gélifiants, le E401 et le E407, de colorants, le E100b et le E160 pour les touches jaune et orange, ou encore d’un épaississant, le E415, lequel présente un double atout : il a le même pouvoir visqueux que le blanc d’oeuf et il retient l’eau. Parce que, dans son Île gourmande, Yoplait met plein de flotte, ce qui apporte du poids et du volume pour des clopinettes.
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Les brebis n’aiment pas les puces
Autre signe de cette industrialisation de l’élevage : à partir de 2015, ils devront acheter des reproducteurs mâles “certifiés”, c’est-à-dire issus de centres de sélection. “Autrement dit, il s’agit d’interdire aux éleveurs les échanges de mâles entre les fermes, comme cela s’est toujours fait. Les mâles ne seront donc plus sélectionnés que sur des critères propres à l’industrie. Exit les multiples critères paysans qui assurent diversité génétique, rusticité, résistance aux maladies. Mais soyons rassurés, l’industrie saura inventer les remèdes et les vaccins nécessaires!”