Éric Grenier (Magazine Jobboom) clanche Mathieu Bock-Côté
Je ne sais pas si le sociologue Mathieu Bock-Côté a manqué de carburant après l’énergivore défense de sa thèse de doctorat, mais il a pondu une étrange analyse sociologique à partir d’un simple divertissement. (…)
Ça suppose que pour Mathieu Bock-Côté, le seul étalon de mesure du succès d’un peuple est son accession à l’indépendance, au statut d’État-nation membre de l’ONU. Que le Québec n’ait pas réussi son indépendance, ça ne justifie pas un constat d’échec, sauf pour les promoteurs de l’idée. Le Québec n’a pas échoué à faire sa souveraineté, il a juste refusé de la faire. Un choix entériné deux fois plutôt qu’une. Le statut constitutionnel n’est qu’un statut, pas un objectif. Les Québécois choisissent celui qui leur sied le mieux à une période donnée. Des gens, qui justement, discutent de ces trucs sans verser dans la guerre civile, un cas presque unique dans l’aventure humaine. Ça aussi n’est pas un signe d’un peuple qui peine collectivement.
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Comme c’est le cas avec certains partis politiques, dont le pain et le beurre sont constitués d’une tautologie dénigrante. Par exemple, François Legault dénonçait l’autre jour la vente d’une petite firme biopharmaceutique de Québec à des intérêts étrangers, un signe supplémentaire de notre déchéance collective. «Un autre siège social s’en va!» Qu’en sait-il, lui, si cette transaction est dans l’intérêt ou non de cette entreprise et du Québec dans son ensemble? Ce que ça indique à tout le moins, c’est que le Québec est partie prenante de cette économie mondialisée et qu’il est open for business, comme disent les globish. Et ça se sait.
Par contre, on l’entend rarement souligner les bonnes nouvelles inverses : ce Québec qui achète le monde. Imaginez, quand Bombardier a mis le grappin sur cette icône de la culture affairiste américaine qu’est Learjet, puis BRP, qui a mis dans sa besace John Deer. Couche-Tard, Garda World, CGI, la Caisse, la liste d’entreprises d’ici actives dans l’acquisition d’entreprises et d’actifs étrangers est longue.
N’en déplaise à Mathieu Bock-Côté, oui la somme des réussites individuelles est aussi un étalon de mesure d’une réussite collective. Elles sont le fruit d’une collectivité engagée – non sans peine et tataouinage il est vrai – à faire toujours mieux.