Le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet
Le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet

Il attendait les cadavres?

François Cardinal, La Presse

 

L’entreposage de BPC au grand air à Pointe-Claire

(…) D’abord, il n’y a pas eu le suivi requis. Les BPC se trouvent sur le site «depuis au moins 15 ans», selon la firme fautive, Reliance. Un constat qu’aurait pu faire le ministère de lui-même s’il avait pris la peine de visiter l’entreprise qu’il jugeait déjà douteuse dans les années 1980, avec qui il s’est longuement battu en cour, qui refusait depuis des lustres de suivre ses directives, et qui se trouvait en 1993 sur une liste fédérale de sites d’entreposage de BPC. Or malgré cette liste d’indices, aucun inspecteur ne s’est rendu sur le site entre 2000 et 2013.

Ensuite, le ministère a tardé à agir. Le 26 mars dernier, Québec apprenait l’existence d’un déversement de 1000 litres d’huiles et d’eaux contaminées aux BPC à Pointe-Claire. Tout a été fait pour répondre à l’urgence, mais les actions juridiques qui ont suivi ont manqué de force. Et le ministère n’a cru bon informer la Direction de la santé publique (DSP) que deux mois plus tard, après quoi cette dernière a recommandé de sécuriser et de surveiller le site 24 heures sur 24. Or le ministre Blanchet a attendu que leJournal de Montréal sorte la nouvelle pour assurer une surveillance constante du lieu.

Enfin, la communication a été déficiente. Le ministère a émis un avis laconique sur son site pour souligner un déversement en mars dernier, sans faire référence à des BPC. Et la DSP, qui a le mandat d’avertir la population, se dérobe de ses responsabilités en montrant du doigt le ministère qui n’a pas suivi ses recommandations. Or comment justifier un tel conflit de responsabilité dans une province qui a goûté par le passé aux conséquences de l’irresponsabilité? (…)