La condescendance de nos élites
(..) Au fond, ils sont d’avis que ces délicates questions devaient être laissées à ceux qui s’y connaissent vraiment. Eux-mêmes. Eux seuls savent de quoi ils parlent. Plusieurs d’entre eux font d’ailleurs de cette question ethnoculturelle leur pain et leur beurre professionnel depuis des années.
Quand cette majorité silencieuse rompt son silence, Hérouxville ne peut jamais être bien loin, n’est-ce pas ?
Évidemment, cette élite autoproclamée a les moyens de ne voir que les bons côtés du multiculturalisme : les restaurants ethniques, les colloques universitaires sur la diversité, les beaux voyages dans des contrées exotiques, les collègues de travail venus d’ailleurs et parfaitement intégrés, le charmant petit garçon qui ne demande qu’à jouer au soccer avec son turban, ou la gentille éducatrice de CPE porteuse d’un coquet foulard.
Le côté sombre est toujours refoulé : s’il y a de l’intégrisme religieux, ce n’est pas parce que certaines personnes instrumentaliseraient la religion à des fins politiques. C’est plutôt parce que la fermeture de la majorité conduit le minoritaire à se replier sur sa communauté.
Ce peuple qui ne partage pas leur enthousiasme devant des mutations auxquelles il faut obtempérer sans mot dire est coupable de ne pas voir clairement ce qui est bon pour lui.
On se justifie ainsi de le regarder de très très haut.