Dénonciatrice de l’AE: congédiement justifié… et béatification justifiée, aussi.
Éric Grenier, Magazine Jobboom
Je ne sais pas à quoi s’attendaient les vierges offensées qui, depuis la semaine dernière, se sacrifient le verbe sur l’autel de l’indignation à la suite de la révélation d’une dénonciatrice congédiée par le fédéral. Tant à la Chambre des communes, comme dans les médias, la débâcle de condamnations qui inonde la rumeur publique s’apparente à de la stupéfaction devant un crime contre l’Humanité impliquant le gouvernement conservateur.
Or, ça fait mal de le reconnaître, mais il ne pouvait y avoir d’autre issue que cette forme d’exécution professionnelle par crucifixion qu’est le congédiement de Sylvie Therrien. J’ignore à quoi pensait la malheureuse lorsqu’elle a choisi de divulguer au Devoir des renseignements d’intérêt public, mais dommageables pour son employeur. Mais un fait demeure: un devoir de loyauté l’obligeait à se taire, si elle espérait continuer à travailler à Service Canada, l’agence pour laquelle est gérait des dossiers de l’assurance-emploi. Et un devoir de parler lui incombait, si pour elle la publication de ses infos sensibles lui apparaissaient plus importante que son gagne-pain.
Quoiqu’elle oeuvrait sous autorité fédérale, l’article 2088 du Code civil du Québec est une bonne référence en la matière: « Le salarié, outre qu’il est tenu d’exécuter son travail avec prudence et diligence, doit agir avec loyauté et ne pas faire usage de l’information à caractère confidentiel qu’il obtient dans l’exécution ou à l’occasion de son travail. »
(…)
Le crime dans cette histoire, c’est l’État fédéral qui l’a perpétré : avoir mis ses employés dans la situation intenable. Savoir que votre employeur s’autorise une pratique administrativement condamnable et savoir que votre employeur ment à ce sujet. Pile, vous la fermez, la population ne sait rien de l’odieux, et vous gardez votre emploi. Face…
Maintenant, les employeurs canadiens savent par contre où trouver une employée aux valeurs à la bonne place. Tant que vous n’êtes pas dans le business de l’extorsion, comme certains services gouvernementaux, une Sylvie Therrien peut s’avérer un excellent ajout à votre équipe.
Pour savoir comment dénoncer en milieu de travail, il y a un topo complet publié dans le Magazine Jobboom en octobre 2011.
Pour savoir comment peut se sentir Sylvie Therrien, lisez l’enquête du Magazine Jobboom sur la vie des dénonciateurs, notamment celles de plusieurs sources ayant donné naissance à la Commission Charbonneau.