Charte des valeurs. Ce qu’on n’ose pas dire sur le port du voile
Par Luc Lemoine
Je veux vous raconter quelques événements dont j’ai été personnellement témoin en ce qui touche les demandes d’accommodements de certains membres de la communauté arabo-musulmane. Et ce dans le cadre des fonctions que j’ai occupées au sein de la direction de plusieurs écoles de Montréal.
Je suis retraité du monde de l’enseignement depuis juillet 2009. Je viens d’une famille de 12 enfants dont 7 ont été enseignants ou directeurs d’école, comme moi-même. J’ai une formation d’orthopédagogue et j’ai enseigné au primaire dans des classes spéciales durant 14 ans. Puis j’ai demandé à travailler dans des classes régulières durant 7 ans. Après 21 ans dans l’enseignement, j’ai occupé des postes de direction dans des écoles de la Commission scolaire de Montréal (CSDM). J’ai été pendant trois ans adjoint à l’école Félix-Leclerc (450 élèves) dans Côte des Neiges. 4 ans comme directeur de l’école Notre-Dame-de-la-Défense (300 élèves), dans la Petite Italie. J’ai fini ma carrière comme directeur, à l’école des Cinq-Continents (600 élèves en deux pavillons) dans Côte des Neiges.
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C’est dans cette école que j’ai vu des parents arabes demander que leur enfant change de classe parce que l’enseignante était une Haïtienne. Naturellement nous n’avons pas accordé cet ‘’accommodement’’. Notre astuce était de demander aux parents de nous faire leur demande par écrit, en énumérant les motifs de la demande de transfert. Aucun n’osait mettre sur papier sa demande à caractère raciste !
Une autre mère arabe exigeait que sa fille reçoive le service du transport scolaire pour se rendre à notre école. Après vérification, je lui ai fait remarquer que jamais sa fille n’obtiendrait ce service car elle habitait juste en face de l’école Bedford. Elle m’a rétorqué que sa fille ne pouvait fréquenter cette école car il s’y trouvait beaucoup trop de Noirs.
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Voilà qu’un père arabe s’est présenté pour protester de façon intempestive. Il s’adressait à moi, même si je lui indiquais que l’école avait une directrice, -ma patronne-, une personne d’expérience et très compétente à laquelle il fallait s’adresser.
Il n’en démordait pas, il s’adressait à moi, comme si ma directrice n’avait pas existé, alors qu’elle était à côté de moi. Sur un ton vindicatif, sinon irrespectueux, il nous interpellait à haute voix, nous invectivait et nous menaçait. Il exigeait que ses filles restent à notre école. J’ai dû le rencontrer au moins à 3 reprises dans mon bureau. Il nous traitait de racistes qui ne déplaçaient que les “enfants arabes”. Je lui expliquais que les déplacements se faisaient en fonction du nouveau territoire, à partir des codes postaux. Bien qu’il ait menacé de poursuivre l’école et la commission scolaire, jamais nous n’avons cédé à ses menaces.
À un moment donné dans mon bureau, alors qu’il répétait ses exigences, son épouse, une femme voilée, a dit quelques paroles. Il s’est tourné vers elle en vociférant : “Tais-toi ! Tu parleras lorsque je te le dirai.” Je me suis tourné vers elle, en l’invitant à me dire ce qu’elle avait sur le coeur. Elle m’a exprimé ses sentiments. À partir de ce moment-là, j’ai remis la monnaie de sa pièce à ce monsieur, en ne regardant que son épouse, même lorsqu’il s’adressait à moi !
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Une femme d’une gentillesse extraordinaire m’a marqué à l’école
Félix-Leclerc par sa bonté, sa générosité et son dévouement. Elle était
d’origine tunisienne, mère de 2 garçons (8 ans et 11 ans). En arrivant au Québec, son mari a exigé qu’elle porte le voile. Elle a refusé, car elle ne l’avait jamais porté en Tunisie. Après plusieurs chicanes familiales, elle s’est séparée. Elle m’a dit que son ex disait à ses fils que “leur mère était une putain” parce qu’elle ne portait pas le voile.