Une vie au cégep #20 – Cours d’arts plastiques : varia
Les professeurs d’anglais doivent se passer le mot. De tous mes programmes non-artistiques de mon éducation pré-universitaire, le leur était le plus proche de celui d’arts plastiques. C’est là que j’ai appris à faire des affiches en carton, à me déguiser et à baragouiner des présentations orales humoristiques avec mes amis.
Je suis maintenant au cégep, dans la classe la plus avancée possible. Je vais vous surprendre : rien n’a changé.
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Tout le monde dans cette classe est bilingue. La plupart ont des bonnes raisons pour ça : ils ont un parent anglophone, ou ont vécu longtemps aux Etats-Unis. Deux ou trois, peut-être, ont appris l’anglais à l’école.
Ce qui est drôle, par contre, c’est qu’on dirait que peu importe le niveau des élèves, le niveau des cours ne monte pas. Je sens que dans ce cours avancé du collégial, je referai ce que j’ai déjà fait au secondaire : je lirai un livre, j’en parlerai avec mes amis, je ferai un ou deux petits sketchs avec eux pour montrer que je sais parler, et j’aurai en retour des notes très satisfaisantes.
Mais il reste encore à le prouver. J’attends que passent les quelques cours de présentation.
« Put yourself in teams. Oh ! I have an idea. We’ll do it a funny way. »
Tous les élèves sourient. Quelques-uns ont hâte d’avoir du plaisir. La plupart, dont moi, sourient jaune. Ça fait longtemps que les jeux qu’on peut faire dans une salle de classe ne m’amusent plus.
Le professeur nous annonce donc qu’on doit se placer en ordre de date de fête. Pour ce faire, il faut communiquer ! En anglais !
« What’s your birthday ? » « 30 of September, and you ? » « I’m in October. I’ll go beside you. »
Ceux qui avaient souri jaune parlent généralement en français. Pure paresse et pure mauvaise foi. On finit par faire une belle ligne, puis on se met avec nos voisins de date de fête pour former des équipes.
Le cours doit durer trois heures. Cela fait 20 minutes qu’il est commencé.
Les 10 prochaines minutes sont consacrées à l’explication du projet. Dans la même lignée que tout ce que j’avais expérimenté au secondaire : une présentation orale courte, humoristique, à la manière d’un sketch, en équipe. Le gars devant moi qui a vécu à Miami pendant 7 ans soupire légèrement. S’il avait le choix de ne pas être là, il le ferait, ça c’est sûr.
Et puis, le gentil professeur nous accorde le reste de la période pour préparer notre oral. Nous en prenons une petite demi-heure, puis, dismissed. C’était court, mais suffisant. Mes impressions sont confirmées, et le professeur a terminé sa journée.
Ça a l’air trop génial d’être prof d’anglais. Je vais réviser mon plan de carrière.
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