Dans un hôpital près de chez vous
Une psychiatre, deux infirmières, une travailleuse sociale, une petite équipe très soudée qui traite, là, tout de suite, des gens en crise, suicidaires de tout genre, ruptures amoureuses, alcooliques en détresse.
Josée, la travailleuse sociale, venait de revenir. Elle avait été prêtée pour quelques semaines à un autre service. En son absence il y avait eu Fannie qui avait été rappelée elle-même et remplacée par Sylviane. Mais bon, Josée était revenue le lundi… le jeudi, elle recevait l’ordre d’aller remplacer une collègue malade à l’urgence.
Est arrivée Manon pour remplacer Josée. Manon vient d’un CLSC, ne connaît pas le milieu hospitalier, un peu étrangère aussi au concept de l’équipe, mais c’est une fille formidable, youpi tout est bien qui finit bien.
Sauf que c’est pas fini.
Le vendredi, Manon est convoquée chez le gestionnaire des remplacements qui lui explique qu’il y a eu une erreur, la convention collective est claire, son statut ne lui permet pas de rester dans l’équipe de la psy, d’ailleurs, on a besoin d’elle pour la collecte des données…
Manon regimbe. Pas envie de se retrouver dans un bureau. Se sent pas mal plus utile dans l’équipe de la psy. Elle ira voir son syndicat.
La psy aussi en a assez. Courriel au gestionnaire numéro un. C’est bientôt fini vos niaiseries? Le gestionnaire numéro un la réfère au numéro 2. La psy lui parle de stabilité, de continuité des soins, lui rappelle que le patient devrait être au centre des préoccupations de tout un chacun, même des gestionnaires, elle l’invite à visiter son service…
Il n’a pas le temps.
Hier matin, Manon a annoncé qu’elle restait dans l’équipe mais que c’était temporaire. Il y aura une autre réunion avec le syndicat, les gestionnaires, les ressources humaines pour statuer sur son cas.
En rentrant chez elle, la psy a entendu quelqu’un dire à la télé que les Québécois n’avaient plus les moyens de se payer leur service de santé.
Celui-là peut-être pas, en effet.