Les créationnistes ont leur musée… Suivez le guide
Par Philippe Coste
Adam, Eve, Caïn, le serpent, un mammouth, des vélociraptors, des hamburgers… On trouve de tout au musée des créationnistes, dans le Kentucky, en plein coeur des Etats-Unis. L’Express a visité cette arche des croisés anti-Darwin. Voyage au bout de l’enfer.
Il y a des pingouins dans le jardin d’Eden. Et plein de gentils dinosaures. Deux manchots empereurs, figés dans la fausse jungle tropicale à côté d’un gorille, d’un impala et d’un couple de lamas, écoutent sagement Adam nommer les animaux de la création. Plus loin, sur le parcours fléché de la Genèse, Eve, vêtue de sa seule chevelure, des nénuphars jusqu’au ventre devant une cascade, grattouille le torse musclé de l’homme originel sous le regard du serpent et de deux vélociraptors tout droit sortis de Jurassic Park.
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Sept ans de polémiques et 2 millions de visiteurs plus tard, ce bastion du créationnisme, fort d’un budget annuel de 30 millions de dollars, entend toujours prouver par A plus B, avec ses 7000 mètres carrés de dioramas, de shows audiovisuels et d’expositions de fossiles, la véracité “scientifique” de l’Ancien Testament, démontrer aux ouailles trop longtemps abusées par des écoles laïques et des médias démoniaques acquis aux théories darwiniennes, que le monde a bien été créé, dinosaures compris, en six jours de labeur divin, il y a six mille ans et non quatre milliards d’années.
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A la triste conscience de leur mortalité s’ajoutent d’autres tracas : les mauvaises herbes. “Inexistantes avant le péché originel, précise une plaque du musée, elles apparaissent pour nourrir une faune en incessante reproduction.” La nature, jusqu’alors accueillante, foisonne soudain de dangers. Les insectes se mettent à piquer, les plantes secrètent des poisons, les serpents et les tarentules, du venin; “en grande partie à cause de leur nouveau régime alimentaire”, précise un commentaire.