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Un partisan de la thèse conspirationniste liée aux attentats du 11-Septembre, à Londres, en 2011 (Sipa)

Le Nouvel Observateur:

Dans votre livre, «la Démocratie des crédules», vous observez que les mythes conspirationnistes envahissent l’esprit de nos contemporains. La France, par rapport à l’Allemagne et aux Etats-Unis, semble plutôt épargnée. Comment l’expliquez-vous?

Gérald Bronner: 

Cette suspicion croît en effet, mais pas dans tous les domaines. La méfiance concernant les neurosciences est faible, par exemple, alors que pour les OGM elle est forte. Cette suspicion croît lorsque nos concitoyens ont l’impression d’être bien informés, ce qui est franchement problématique.

Je prendrais l’exemple de la couverture vaccinale qui tend à décroître, que ce soit pour le vaccin contre la rougeole ou l’hépatite. On peut s’attendre, pour les générations qui viennent, à l’apparition de nombreux malades qui se croiront victimes de la fatalité sans savoir qu’ils l’ont été de la suspicion inconséquente de leurs parents. L’enjeu est donc tout simplement sanitaire dans certains cas.

(…)

Or l’accès à l’information que permet la transparence, la possibilité de donner son point de vue, etc. sont autant de revendications parfaitement démocratiques et légitimes. Longtemps ces revendications sont restées à l’horizon de l’utopie car les moyens technologiques pour les mettre en œuvre n’existaient pas. Ce n’est plus le cas. C’est pourquoi je pense que nos démocraties sont confrontées à un formidable défi de leur histoire: le bras de fer qui s’engage entre démocratie des crédules et démocratie de la connaissance.