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Myriam Ségal
Le Quotidien

(Chicoutimi) Postes Canada a commencé à distribuer des formulaires indiscrets sur les handicaps de ceux qui prétendent continuer à recevoir leur courrier à domicile malgré l’implantation prochaine de boîtes communautaires. Une citoyenne en chaise roulante profitait d’un reportage indigné à la télé pour clamer: «c’est un service qu’on avait, on nous le retire, c’est un droit.» Cet argument, refrain des lobbys de gauche, paralyse la société. Tous les services actuels, toutes les concessions passées, tous les privilèges, tous les avantages se transforment en droits acquis inaliénables et intouchables. Y compris les retraites négociées il y a des lunes sous des auspices optimistes. (….)

Il y a plus de 20 ans, j’ai guerroyé contre les premières «super-boîtes» de Postes Canada. L’internet mal sécurisé balbutiait, on se méfiait des transactions en ligne, les ordinateurs peinaient à se brancher et coûtaient une fortune. Facebook et les textos n’existaient pas: on recevait des nouvelles et des photos par la poste. Les téléphones cellulaires s’apparentaient à des haltères et ne pouvaient que …téléphoner!

Aujourd’hui, souvent, la poste ne déverse plus que du courrier non urgent ou non sollicité. À mon retour de deux semaines d’absence, beaucoup de pub et quatre vraies lettres m’attendaient, aucune pressante. En plus, avec une super-boîte, nul ne voit ce qui s’y accumule, nul n’y vole des chèques ou des cartes de crédit, et le gadget commandé sur «E-Bay» attend sagement dans un réceptacle verrouillé sans que je doive faire la file au bureau de poste.

Les médias se scandalisent que Postes Canada exige d’en savoir plus sur ceux qui affirment avoir absolument besoin du courrier à la porte. On ne se froisse pas des mêmes indiscrétions de la SAAQ, pourtant. Que devrait-elle faire? Croire sur parole tous ceux qui prétendent au service, alors que les syndicats en campagne pourraient en profiter pour miner le projet? N’accorder la livraison qu’à ceux qui possèdent une vignette de handicapé? Ce serait injuste, car beaucoup de malades, de vieillards peu mobiles n’en disposent pas. Dans certains cas, la solution, outre le courrier à domicile, constitue peut-être à les initier progressivement aux transactions en ligne, ou à se synchroniser avec les soins à domicile du CLSC. N’infantilisons pas tous les aînés et les handicapés en présumant de leur incapacité.