Auteurs Valérie Igounet et Michaël Prazan
Réalisation Michaël Prazan
Production Talweg / CNRS Images, avec la participation de France Télévisions, TV5 Monde.

Retour sur l’histoire du discours négationniste, une entreprise intellectuelle et antisémite visant à effacer, d’un trait de plume, les six millions de morts du génocide juif pendant la Seconde Guerre mondiale. Des archives méconnues et l’expertise d’historiens permettent de déconstruire ce discours de haine, apparu après-guerre chez les nostalgiques du nazisme et de la collaboration. Dans les années 70, sous l’influence d’une extrême-gauche «antisioniste», le négationnisme subit une certaine réorientation, qui s’étend ensuite jusqu’à la fin des années 90 vers le monde arabo-musulman, portée par la star déchue du parti communiste Roger Garaudy.

Remarque: on y parle du Canadien Ernst Zündel .

* La critique du Monde.

Par Christine Rousseau

Michaël Prazan livre, avec une rigueur historique qui ne souffre – et ne peut souffrir – d’aucun à peu près sur le sujet, un documentaire (coécrit avec Valérie Igounet) de tout premier ordre sur l’histoire d’une abjection maquillée en questions d’historiens : le négationnisme.

S’appuyant sur une multitude de documents d’archives, dont certains méconnus ou inédits, mais aussi sur les analyses de politologues ou d’historiens, dont Henry Rousso, à qui l’on doit le terme singularisant ce révisionnisme, les auteurs retracent la trajectoire géopolitique de ce discours nauséeux visant à nier les chambres à gaz et, au-delà, la Shoah.

De l’immédiat après-guerre, où le silence contraint et empêché des rescapés favorise l’éclosion du négationnisme, à son expansion dans les pays arabo-musulmans, le réalisateur décortique – pour mieux la déconstruire – cette pensée antisémite qui se joue du contexte politique (la guerre froide et le conflit israélo-palestinien). Réduite d’abord au cercle des nostalgiques du IIIe Reich et de la collaboration, cette imposture intellectuelle se répand peu à peu dans les années 1980 grâce à la curiosité des médiasqui, bien maladroitement, ouvrent leurs colonnes et leurs micros aux tenants du négationnisme. Contrairement aux historiens, dont Pierre Vidal-Naquet, qui s’exclamera chez Bernard Pivot : « Leur donner la parole, c’est leur donner la seule chose qu’ils réclament. »

“Ce faisant, le réalisateur dépeint l’internationalisation de ce réseau, ses officines, ses accointances avec l’ultra-gauche, ainsi que les principales figures comme Robert Faurisson ou l’ex-militant communiste Roger Garaudy, qui incarne la réorientation de ce mouvement dans les années 1990. Les arguments « techniques » ne tenant plus face au travail des historiens, le discours prend une tournure résolument politique avec pour cible l’Etat hébreu, accusé d’avoir fabriqué un mythe pour justifier la création d’Israël. Un discours résolument antisioniste et antisémite qui a trouvé de multiples relais dans le monde arabo-musulman et enFrance, à travers de pseudo-humoristes.

Alors que disparaissent peu à peu les derniers témoins de la Shoah, le film, éminemment fouillé et édifiant, dont on peut regretter la diffusion tardive, se dresse comme un appel à la vigilance. Nécessaire et essentiel.

* La critique de Télérama.

* La critique de La Croix.

* La critique de Nonfiction

La traductrice

Linda Gaboriau’s struggle to translate a hit Quebec play

http://thewalrus.ca/finding-the-words/

One of Canada’s most prolific translators and winner of Governor General’s Literary Awards in 1996 and 2010, the transplanted American has written more than 100 French plays into English.